• - CHAPITRE 16.2 -

    -CAROLE-

     

    Toutes les angoisses qui me tenaillaient l'estomac s'étaient envolées. Mon père, même si il n'avait pas semblé des plus heureux quand à l'annonce de la nouvelle, avait mieux prit les choses que je ne le pensais. Et là arpentant les pièces de mon appartement, je m'imaginais la future vie qui s'offrait à moi. Madame Carole Lemoine... Ça sonnait plutôt bien... Je me demandais comment nôtre vie s'organiserait à ce moment là. Est-ce que Steph emménagerait avec moi ou chercherions-nous un nouvel appartement ? Cette dernière solution me paru la plus probable, au vu des souvenirs douloureux qui restaient accrochés à ces lieux. Je serrais les dents en repensant à la scène dramatique qui m'avait fait perdre mon bébé. Je n'avais plus repensé à cette soirée depuis longtemps. On était au début du mois d'Août et à l'heure actuelle, si les choses avaient suivis leur cours normal, j'entamerais mon troisième mois de grossesse. Je soupirais pour tenter de chasser la douleur qui menaçait de m'envahir. Et Dan ? Cela faisait des lustres que je n'avais pas pensé à lui. Je ne savais même pas comment il allait. Steph m'avait effectivement dit qu'il s'en était bien sorti de sa blessure par balle et qu'il avait reprit le travail, mais à part ça, je ne savais pas du tout ce qu'il en était de lui.

     

    Malgré l'heure tardive, presque 23h, je n'avais pas sommeil. Mon téléphone se mit à sonner, supposant qu'il devait s'agir de Stephane, le seul à oser m'appeler quelque soit l'heure, je me précipitais pour décrocher, heureuse de la diversion qu'il m'offrait face à mes réflexions.

     

    La conversation fut brève, mais elle suffit à me détendre. Entendre la voix de Steph avait toujours eu cet effet apaisant sur moi. Je me glissais entre les draps frais de mon lit et éteignis la lumière.

     

    (...)

     

    Elle était pourtant parfaite... Mais Steph pensait le contraire. Je ne lui dis pas à quel point j'étais déçue, car il semblait sur de lui. J'avais toujours détesté faire du shopping à Oasis Springs, passer la matinée à arpenter les rues bondées de la ville était un calvaire en soit, mais c'était pour la bonne cause, je l'endurais donc sans rechigner. Mon impatience du matin s'était envolée face à la tâche ardue que représentait le simple fait de se frayer un chemin dans la foule. Stephane me proposa de commencer à un jeter un coup d'œil aux robes, je cédais et le suivit. Bien que j’eus envie d'insister pour la bague. Nous entrâmes dans deux boutiques qui proposaient des tenues de cérémonies. Mais les robes étaient tellement surchargées de voiles et de fanfreluches que je me demandais intérieurement si elles étaient toutes fabriquées sur le même modèle. Auquel cas je ressemblerais forcément à une grosse chantilly dans cette tenue, cette idée me fit frissonner d'horreur. Si il y avait bien une chose que je ne supportais pas, c'était les falbalas. Elles étaient toutes plus affreuses les unes que les autres. Je soupirais, ça ne serait décidément pas une partie plaisir.

     

    - CHAPITRE 16.2 -

     

    -       Qu'en penses-tu ? me demanda Steph

    -       Abominable, lui répondis-je en chuchotant pour ne pas froisser la vendeuse.

    -       Écoute, continue de regarder les robes, j'ai quelque chose d'important à faire. J'avais oublié que j'avais une course à faire pour ma mère et je ne veux pas t'ennuyer avec ça.

    -       Mais je peux venir avec toi, ça ne me gène pas...

     

    Il m'embrassa rapidement sur les lèvres étouffant mes protestations

     

    -       Non, ça ira, je n'en aurais pas pour longtemps. On se retrouve près du KFC dans 1 heure.

     

    Puis il me laissa là, sous le regard inquisiteur de la vendeuse. Celle ci s'approcha de moi l'air avide. Elle serait déçue. Ce ne serait certainement pas dans sa boutique que je ferais mon choix. Je lui adressais un sourire crispé, puis tournais les talons avant même qu'elle n'essaye de me refourguer une de ses pièces montées. Je me mis à errer dans les rues, jetant de vagues coups d'œil sur les vitrines surchargées. Je tombais néanmoins en arrêt devant une jolie petite robe de demoiselle d'honneur, toute simple de couleur crème avec des rubans dorés, si craquante que j'en tombais immédiatement amoureuse. Elle serait parfaite pour Ludmilla, la fille de ma cousine. Étant enfant unique je n'avais pas à proprement parler de nièce ou de neveu, mais mes cousins avait des enfants qui eux m'appelaient «tatie». Ma famille était nombreuse, car mon père était issu d’une fratrie de 9 enfants, mais je me sentais parfois à part et avait peu de contact avec eux. J’espérais cependant qu’ils seraient tous présent pour partager ce moment avec moi. Surtout mon grand-père qui entretenait une relation conflictuelle avec mon père.

     

    Du côté de ma mère, il ne me restait plus qu’une tante dont je ne savais pas grand choses. Tout ce qu’on m’avait dit, c’était que mes grands-parents maternels étant décédés dans leur jeunesse, ma tante s’était occupée de ma mère jusqu’à sa majorité, et elle avait coupé les ponts avec sa sœur car elle n’approuvait pas son mariage avec mon père. Elle n’avait jamais donné de nouvelles ni cherché à en avoir. Je me demandais même si elle était au courant de mon existence. Décidément rien n’était simple dans ma famille.

     

     

    L'heure était presque écoulée, je me dirigeais vers le point de rendez-vous où je devais attendre Steph. Ce faisant, je dus passer devant un groupe de jeunes attroupés devant une boutique de téléphonie mobile, ils commencèrent à me siffler et à me "pssitter" mais je les ignorais superbement. Les insultes et les rires fusèrent, mais je n'y prêtais aucune attention. C'était souvent ainsi, qu'une femme passe dans la rue, elle se ferait invariablement insulter si elle ne répondait pas aux sollicitations qu'on lui faisait. Je levais les yeux au ciel et secouais la tête écœurée. La mentalité de certains jeunes était tellement primitive et dégradante pour les femmes que ça me révoltait. Ils mériteraient tous de faire un stage sur l'art et la manière d'aborder correctement une femme.

     

    Arrivée près du KFC, je me mis à chercher Steph du regard, il n'était pas encore là. Je n'avais pas du tout envie de rester debout là comme une potiche, surtout après m'être copieusement faite insulter. Je pris néanmoins mon parti et affichais sur mon visage un air renfrogné pour décourager tout opportun qui aurait la mauvaise idée de m'aborder.

    Stephane arriva 15 minutes plus tard, je lui trouvais un air mystérieux, mais j'étais trop énervée pour y prêter vraiment attention:

     

    -       Steph... Enfin. On peut rentrer ? Il y a vraiment trop de monde. J’en ai marre!

     

    Décidément de très bonne humeur, Stephane ne releva pas ma propre mauvaise humeur et me proposa d'aller déjeuner. Ce que j'accueillis dans mon fort intérieur avec enthousiasme. Tout pour sortir de cet enfer qu'étaient les rues d'Oasis Springs.

     

     

    (...)

     

    Andréa était vraiment une femme de cœur. Je venais juste de leur annoncer à son mari et elle que j'avais accepté d'épouser leur fils, et elle se proposait de m’accompagner dans le choix de ma robe. Et dire que ce matin je me sentais désemparée face aux choix qui s’offraient à moi. L’avoir à mes cotés me serait d’une grande aide. Les émotions me submergèrent, c’était comme si elle avait lu dans mes pensées des derniers jours, alors que je déplorais l’absence de ma mère.

    J’acceptais avec plaisir son offre. Elle m’adressa un sourire qui passa du baume sur mes blessures de petite fille. Stephane pris la parole et me demanda de l’accompagner dans le jardin. Son air mystérieux avait refait surface, ce qui m’intrigua d’autant plus que plus tôt dans la journée, il avait eût la même tête, comme quelqu’un qui prépare un « sale » coup.

     

    L’air embaumait de parfums subtils de fruits. Sous nos pieds l’herbe verte et tendre crissait à peine. Je n’osais rien dire, attendant la suite des évènements. Que voulait-il me montrer de si urgent qui ne pouvait attendre la fin de notre entretien avec ses parents ? Je m’assis sous les arbres comme il me le demandait:

     

    -       Stephane... Qu’est-ce que tu fais ? lui demandais-je en le voyant s’agenouiller devant moi.

     

    -       Je fais les choses en bonne et due forme. Mlle Serreau, voulez vous bien m’épouser? Un sourire naquit sur mes lèvres. Qu’est-ce que je l’aimais cet homme…

    -       Oui, je veux vous épouser Mr Lemoine.

     

    Il passa à mon doigt l’anneau d’or blanc puis embrassa mon doigt gardant ma main dans la sienne. Cette fois s’en fut trop pour moi, je fondis en larmes. Il me regarda éberlué.

     

    -       Qu’est-ce qu’il y a ma chérie ?

    -       Je suis si heureuse. C’est le trop plein d’émotions. Je t’aime tellement fort.

    -       Mais moi aussi je t’aime ma puce. C’est pour ça que je ne veux plus passer un instant sans toi.

     

    Je me blottis dans ses bras, et il me serra fort contre lui. Comme pour nous fondre l’un dans l’autre. Cet instant magique, ne nous appartenait qu’à nous seul et j’aurais voulu qu’il se prolonge encore et encore, mais Stephane se détacha de moi et nous retournâmes dans la maison.

     

    Ses parents étaient assis côte à côte dans le grand salon, discutant à bâton rompu. Notre réapparition interrompit leur conversation. Spontanément la mère de Steph, vint à notre rencontre. Je lui montrais fièrement ma main ornée à présent des diamants qui scintillaient de mille feux.

    -       Elle est magnifique Carole ! s’extasia t-elle.

     

    Puis se tournant vers son mari, elle lui dit d’un air faussement réprobateur

     

    -       Charlie, t’aurais dut prendre des cours avec ton fils, il a vraiment bon goût.

    -       Mais ma chérie, aucun bijou ne saurait mettre en valeur ta beauté. Aussi pur soit-il, tu resteras toujours le diamant qui a le plus d’éclat à mes yeux, répondit-il en la couvant du regard.

     

    Nous rîmes de bon cœur à cet échange, c’était mignon comme tout. Je priais en silence pour que notre couple soit aussi solide après tant d’années. Je restais dîner en leur compagnie et passais un agréable moment. Andréa et Charles étaient sincèrement ravis de me compter bientôt comme un membre de leur famille, je me sentais chanceuse.

     

    Quand je rentrais chez moi, je téléphonais à Hannah en espérant qu‘elle ne dorme pas encore. Elle décrocha et ravie de m’avoir à l’autre bout du fil, se mit à parler de son haut débit habituel. Je lui racontais les derniers évènements et lui annonçais que nous avions fixé une date. Elle me promit de réserver un billet au plus vite pour assister à la cérémonie. Je m’amusais de son impatience. Elle ne pouvait pas l’être plus que moi. Je lui envoyais tout mon amour avant de raccrocher quelques instants plus tard.

     

    Puis j’appelais ma cousine la plus proche de moi pour lui faire part de la nouvelle. Elle parut ravie pour moi bien que je la sentais quelque peu amère dans ses vœux. J’en devinais la raison sans avoir à lui demander. Ça faisait plus de 10 ans qu’elle vivait avec le père de sa fille, mais jamais il ne lui avait demandé de l’épouser. Dans une conversation que nous avions eut un jour toute les deux, elle m’avait avoué qu’elle avait envie de franchir le pas, qu’elle lui en avait parlé, mais qu’il n’en éprouvait aucune envie. Alors de savoir que moi sa petite cousine, sa cadette de 2 ans, allait se marier très bientôt devait lui rappeler qu’elle ne connaîtrait sans doute jamais ce bonheur. Je m’en voulu de mon manque de tact. Je compatissais, car épouser l’homme de sa vie n’était certes pas une fin en soit, mais c’était une joie que chaque femme avait le droit de connaître quand elle le désirait si ardemment. Rongée de remords, j’abrégeais la conversation, lui assurant tout de même que je la re-contacterais ultérieurement, n’osant imaginer son état d’esprit une fois que j’aurais raccroché.

     

    Je m'installais devant mon ordinateur dans l'intention de naviguer un peu sur le web.

    Après la douche glacée que j’avais reçue ce matin en passant en revue les robes, je me demandais si il ne serait pas plus judicieux de chercher un modèle sur le net que je pourrais commander ou éventuellement faire faire par une couturière. C’était tellement plus simple ainsi, j’étais tranquillement assise chez moi et je n’avais pas à endurer les sourires mièvres des vendeuses en mal de jeunes femmes à entourlouper.

    J’avais une idée très précise de la robe que je voulais. Plusieurs modèles retinrent mon attention. Je les imprimais donc pour les montrer à Andréa et avoir son avis. Puis au détour d’une page je tombais sur une petite merveille. Le bustier cintrait la taille qui s’évasait plus bas en une corolle crème qui laissait entrevoir sur le devant une doublure délicatement travaillée. De minuscules broderie anglaise, lui donnait un charme élégant, sans surcharger l‘ensemble. Dans le dos, deux rubans étaient entrelacés pour former un large nœud au creux des reins, ce qui lui donnait un coté sexy discret. Je me surpris à m’imaginer arrivant à l’église dans cette robe et je me mis à pouffer comme une collégienne. J’imprimais l’image et mis la page dans mes favoris. Puis satisfaite, j’éteignis l’appareil.

    -    

    (...)

     

    - CHAPITRE 16.2 -

    Les jours suivants je fus fort occupée, entre mon travail que j’avais repris et les différentes démarches qu’il fallait faire pour l’organisation du mariage. Je n’avais pas encore été voir Andréa pour lui montrer mes trouvailles, et j’avais hâte d’avoir son avis. Ce mercredi là, 2 semaines après notre retour de Selvadorada, je l’appelais de mon bureau:

     

    -       Cabinet du Dr Lemoine, bonjour.

    -       Bonjour Madame, pourrais-je parler au Docteur Lemoine s’il vous plaît ? C’est sa belle-fille.

     

    Ça me faisait tout bizarre d’employer ce terme et en même temps une vague d'excitation me submergea.

     

    -       Patientez un instant, me dit la secrétaire.

     

    Une musique de fond retentit à mon oreille et je me mis à griffonner distraitement sur un bout de papier qui traînait. La voix d’Andréa remplaça la musique, professionnelle, mais aussi chaleureuse que d’habitude.

     

    -       Dr Lemoine.

    -       Oui, Andréa ? C’est Carole.

    -       Oh, bonjour ma chérie ! Comment vas-tu ?

    -       Surchargée de travail malheureusement. dis-je

    -       Tu n’es pas la seule ma grande, c’est la folie ici.

    -       Ah ? En fait je vous appelais pour vous inviter à déjeuner. Pas forcément aujourd’hui si vous n’en avez pas le temps, vous me direz quand vous serez disponible dans la semaine.

    -       Je peux me libérer pour déjeuner avec toi aujourd’hui, il n’y a pas de soucis. Ma collègue prendra simplement les consultations en charge pendant mon absence.

    -       Super. On se rejoint à « l’Orangerie » disons pour 12h30 ?

    -       Ça marche ! A tout à l’heure !

    -       A tout à l’heure Andréa.

     

    Je me remis au travail, et quelques instants plus tard, on toqua à ma porte.

     

    -       Entrez !

     

    Mon père passa la tête par l’entrebâillement de la porte. Je le regardais étonnée, ça ne lui ressemblais pas, lui qui d’habitude entrais dans mon bureau comme dans un moulin.

    -       Il y a un problème ? Lui demandais-je.

     

    Il entra dans la pièce:

     

    -       Non pas du tout, je suis juste passé voir comment ça allais.

    -       Euuuh, bien. Pourquoi cette question ? dit-je surprise

    -       C’est juste que j’ai l’impression que tu es débordée ces temps-ci. Tu arrives avant tout le monde et tu repars bien après l’heure. Je n’aimerais pas que tu te surmènes pour rattraper le retard accumulé. Il y a les stagiaires, tu peux leur donner un peu plus de travail.

    -       Merci papa, mais ne t’inquiète pas, j’ai la situation sous contrôle. Et puis ce n’est pas la peine de me couver, je ne veux pas de traitement de faveur, ok ? Il faut que ce soit comme avant, quand tu me menais à la baguette ajoutais-je avant d’éclater de rire.

    -       Ok, comme tu veux. Pourquoi ces dossiers ne sont-ils pas encore traités alors ? dit-il sur un ton qui se voulait sévère mais où perçait l’amusement.

    -       Ben voyons, c’est toi qui me déconcentre! répliquais-je

    -       Je te laisse alors. Travaille bien. Si tu as besoin de moi, je suis en déplacement. Tu peux me joindre sur mon portable.

    -       Ok.

     

    Je me levais à demi et l’embrassais par dessus mon bureau. De nouveau seule, je repris le dossier sur lequel je travaillais avant d’être interrompue. Le temps passa si rapidement que je ne me rendis pas compte qu’il était l’heure de déjeuner. Le stagiaire qui travaillait avec moi me prévint qu’il partait, et étonnée, je regardais la pendule accrochée au mur. Midi. Je pris mon sac et mes clefs de voiture et parti à mon tour quelques minutes plus tard.

     

    Je fit un détour par chez moi pour récupérer les feuillets que j’avais imprimé, afin de les faire voir à Andréa. Quand j’arrivais au restaurant, elle n’était pas encore arrivée. Je m’installais à une table en terrasse et commandais un jus de fruit pour patienter. Andréa arriva avec quelques minutes de retard, très élégante dans une robe crayon grise et bleue qui soulignait sa silhouette encore très attirante. Elle m’embrassa chaleureusement, puis héla un serveur:

     

    -       Jeune homme ? Pourrais-je avoir une eau minérale, s’il vous plaît ? Si possible, avec une rondelle de citron, je meurs littéralement de chaud. Merci beaucoup.

     

    Sa façon de s’exprimer avec grâce et bienveillance mettait tout de suite les gens à l’aise. Sous le charme, le serveur s’empressa d’aller chercher sa commande, puis revint ensuite vers nous, deux menus à la main.

     

    - CHAPITRE 16.2 -

    Andréa se tourna vers moi, le sourire aux lèvres.

     

    -       Je suis contente de te voir ma chérie. Alors ? Comment ça avance ces préparatifs ?

    -       Justement c’est pour ça que je tenais à vous voir aujourd’hui.

    -       Ta ta ta ma chérie, tu peux me tutoyer maintenant. Ça me ferait plaisir. Le « vous », c’est tellement impersonnel.

    -       C’est une forme de respect dit-je un peu contrite.

    -       Je n’en disconviens pas, mais je te considère depuis longtemps comme ma fille, et une fille ne vouvoies pas sa maman, n’est-ce pas ?

     

    Puis elle eût un moment de réflexion et repris avant que j’eus le temps de répondre:

     

    -       Sauf peut être dans les familles royales. Mais bon, je ne suis pas si formelle. Je tiens à ce que tu me tutoies.

    -       D’accord. Donc en fait, je voulais vous... te montrer les modèles de robes que j’ai déjà sélectionnées.

    -       Formidable ! Fais-moi voir !

     

     

    - CHAPITRE 16.2 -

     

    Je lui tendis les feuilles et chaussant ses lunettes, elle examina les photographies avec beaucoup d’attention. Elle haussa un sourcil impeccablement épilé à la vue du premier modèle puis fit la moue. Passant au suivant, elle eût un sourire incrédule. Quoi ? J’avais si mauvais goût que ça ??? Au troisième modèle, elle hocha la tête d’un air appréciateur. J’avais volontairement mis ma préférée en dernier. Quand elle y arriva, elle s’y attarda longuement, puis leva les yeux vers moi:

     

    -       J’adore celle-ci ! dit-elle enthousiaste.

    -       Moi aussi !!! J’ai carrément craqué dessus.

    -       Parfait ! Nous avons les mêmes goûts visiblement, dit-elle en souriant. Reste donc à te la faire essayer pour voir de quoi tu aurais l’air dedans.

    -       C’est à dire qu’il y aura peut être un problème. C’est un modèle que j’ai trouvé sur internet.

    -       Effectivement ça va être problématique. Mais peut être qu’avec un peu de chance, on trouvera le même modèle ici, sinon, il faudra passer commander très vite. Ou au pire, on te la fera faire. Qu’en penses-tu ?

     

    J’acquiesçais, ravie que nous soyons sur la même longueur d’onde. Mettant de côté les robes, nous nous concentrâmes chacune sur le menu. J’optais après quelques instants de réflexion pour un vivaneau grillé accompagné d’une salade printanière. De son coté Andréa se décida pour une fricassée de lambis. En attendant nos commandes, nous continuâmes à parler. Elle me demanda si nous avions déjà pris contact avec l’organisateur de mariage. C’était justement la veille que Steph et moi l’avions vu et nous avions discuté avec lui de nos envies pour la cérémonie. Il s’était engagé à ce tout soit parfait sans que nous n’ayons à nous occuper de rien. J’avais peu d’exigences fondamentales, mais pour le choix des fleurs à l’église par exemple, je voulais à tout prix des lys blancs. Je laissais sinon à l’organisateur carte blanche, lui demandant toute fois sobriété et élégance dans ses choix. En y pensant, l’homme qui nous avait reçus me faisait énormément penser à Alex, mon ami de Selvadorada. Il me manquait tout à coup. Andréa dut voir une ombre passer sur mon visage car immédiatement, elle s’enquit de savoir ce qui n’allait pas.

     

    -       Je pensais à un ami qui est loin, il me manque un peu.

    -       Ma pauvre chérie, me répondit-elle compatissante.

    -       Ce n’est rien. J’espère seulement qu’il pourra être là au mariage.

    -       Je suis sure qu’il fera son possible pour être présent ce jour là.

    Je hochais la tête. Les plats arrivèrent et tandis que nous les dégustions, nous reprîmes notre discussion. Je passais un délicieux moment en sa compagnie. Et en partant, elle me dit tout en m’embrassant:

     

    -       Il faudra qu’on fasse cela plus souvent, déjeuner entre filles.

    -       J’adorerais ça !

     

    Elle m’envoya un baiser du bout des doigts puis s’installa au volant de sa Mercedes. C’était un sacré bout de femme. Je repris ma voiture pour retourner au boulot, chemin faisant j’écoutais d’une oreille distraite les informations. Ils annonçaient à la radio un énorme embouteillage à la périphérie de Florimont-la-rivière, causé par le suicide d’une personne qui s’était jetée du haut d’un pont au dessus de l’autoroute. Le drame était survenu il y avait à peine quelques minutes. Je grimaçais. Qui était assez désespéré au point de se donner la mort de façon aussi violente ? Refusant d’écouter ces déprimantes nouvelles, j’appuyais sur la touche du lecteur cd et la voix veloutée de Craig David m’enveloppa.

     

    (...) 

     

     

     

    - CHAPITRE 16.2 -

     

     

    Ce soir là, blottie dans les bras de Stephane, je repensais vaguement à cet évènement. Nous regardions tranquillement un DVD couchés sur le lit, et je me redressais de façon à pouvoir le regarder:

     

    -       Chouchou, tu as entendu ça à la radio cet après midi ?

    -       Quoi donc ?

    -       Quelqu’un qui s’est jeté du haut d’un pont non loin de Florimont-la-rivière. Ça a créé un de ces embouteillages à ce qu’il paraît.

    -       Ah ouais ?

    -       T’imagines ? Je n’aurais jamais eût le courage de me suicider comme ça. Ni d’aucune façon d’ailleurs.

    -       C’est clair. Les gens qui se suicident en général pensent qu’ils n’ont pas d’autres choix pour fuir leurs problèmes. C’est dur à admettre mais c’est une forme de lâcheté en quelque sorte.

    -       Hmmm.

     

    Stephane me reprit contre lui, sans doute sa façon à lui de me dire de ne pas m’en faire pour ça. Son portable se mit à sonner. Je m'écartais de lui pour lui permettre de s’en saisir. Il ne regarda pas l’identifiant, sans doute que la sonnerie personnalisée lui permettait de savoir qui l’appelait.

     

    -       Hey ! Comment vas tu ?

    - .... .... .... ........................

    -       QUOI ?????

    - .... ..... ..... .......................

    -       C’est pas vrai !!!!

    - .... .... ............................

    -       Tu es sûr de ce que tu dis ?

    -... ..................................

    -       Noooon… Sans déconner...

    -.................

    -       Ok. Je te rappelle plus tard ! (Clic)

    Je le regardais perplexe. Il avait l’air abasourdit, comme si on venait de lui donner un coup sur la tête.

     

    -       C’était qui ?

    -       Un pote. Il vient de me dire un truc là. Je ne sais pas trop comment je dois le prendre. Mais bon, ce n’est pas important, ça ne me concerne plus.

    -       Tu en es sur ? Ça n'a pas l'air d'aller.

    -       Si, si. T’inquiète.

     

    Je scrutais son visage mais je n’insistais pas. Cependant mon cerveau se mit à fonctionner à une vitesse vertigineuse. Quand il était au téléphone, il avait l’air complètement sonné par la nouvelle qu’on venait de lui apprendre et là je voyais bien qu’il continuait à y réfléchir. Qui avait bien pût lui téléphoner à l’instant ? Et qu’est-ce que cette personne lui avait annoncé, qui le bouleversait autant ? Bien malgré moi je sentais l’œil du soupçon s’ouvrir en moi et je me pris à souhaiter que les cachotteries n’étaient pas en train de recommencer…

     

     

                          ********************

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    <  Chapitre 16.1                                                                                                                                                                                             Chapitre 16.3 > 


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :