• - CHAPITRE 6.1 -

    - STEPHANE -

     

    -       Alors, tu voulais qu'on parle ?

     

    J'étais assis sur le canapé, dans le salon de Carole. Elle s'était installée à coté de moi. Ravissante dans sa petite robe bleue. Ses cheveux étaient mouillés et j'eus terriblement envie d'y mêler mes doigts. Elle avait l'air mal à l'aise et crispée, je le vis au fait qu'elle déchirait en tremblant, une feuille de papier en tout petit morceaux qui s'envolaient avant d'atterrir sur le sol.

     

     

     

     

     

     

    Qu'est-ce qui pouvait bien la mettre dans cet état ???

     

    -       Je t'écoute, lui dis-je plus sèchement que je ne l'aurais voulu.

    -       Ce que j'ai à te dire, est très difficile, alors s'il te plaît ne me bouscule pas.

     

     

    Je me levais comme pour partir:

     

    -    Ecoute, je n'ai pas que ça à faire. Et avant que je n'eus le temps de réfléchir, les mots perfides s'enchaînèrent.  Il y a ma copine qui m'attend chez moi.

     

    Elle se pétrifia:

     

    - Ta... copine ????

    -  Tu croyais quoi ??? Que j'allais rester seul à ruminer ce que vous m'avez fait Dan et toi ? Je te l'avais bien dit que je t'aurais rapidement trouvé une remplaçante...

    -  Je ne t'ai pas demandé de venir pour parler de ce qui s'est passé, s'il te plaît, je regrette de t'avoir fais mal, mais je dois te dire...

     

    Je l'interrompis:

     

    -       Me faire mal ? Tu rigoles??? Je ne me suis jamais senti aussi bien que depuis qu'on est plus ensemble !!! C'est la meilleure chose qui pouvait m'arriver !!!

     

    Je me maudis intérieurement, pourquoi en rajoutais-je ??? (Ferme la Stéphane !!!! Merde !!! Tu ne vois pas qu'elle souffre ???)

     

    -       S'il te plaît arrête !!! Je ne veux pas entendre ça !!! Je suis désolée !!! Je te demande pardon pour tout ce qui s'est passé !!! Je t'aime encore, je n'arrête pas de penser à toi. Encore plus maintenant que...

     

    (...)

     

    -       Que quoi ????

    -       Je suis enceinte... chuchota-t-elle d'une voix presque inaudible.

     

    Mon sang se glaça, et je crus n'avoir pas bien entendu. Le sol parut s'ouvrir pour m'avaler:

     

    -       Tu es enceinte ???

    -       Oui...

    -       Et pourquoi c'est à moi que tu dis ça ? Je ne crois pas en être responsable. Ça fait longtemps que nous n'avons plus rien fait. Tu penses me faire croire qu'il s'agit de mon gosse ???

    -       Tu... tu crois vraiment que je mentirais à propos d'un sujet aussi grave ?

    -       Tu as bien été capable de coucher avec mon meilleur ami !!! C'est lui que tu devrais aller trouver pour annoncer la bonne nouvelle !!!

     

     

     

    Je tournais les talons pour m'en aller, quand elle ajouta:

     

    -       Ta mère m'a examinée, et je suis enceinte de 6 semaines.

    -       C'est ma mère qui t'a auscultée ??? Mais tu n'es pas bien ou quoi ???? Elle va croire que c'est mon gosse !!!!! hurlais-je, furieux.

    -       MAIS C'EST TON GOSSE, PUTAIN !!!!

     

    Ce fût à mon tour d'être pétrifié:

     

    -       C'est impossible...

    -       Oh que oui c'est possible, tu te rappelles d'un samedi où nous nous sommes engueulés à propos de stupides archives de conversation et de ce qui s'est produit ensuite ?

    - (...)

    -       Hey oui Stéphane, c'est ce jour-là que tu m'as mise enceinte !

     

    Toute la scène se déroula devant mes yeux... l'ardeur que j'avais mis et mon empressement à lui faire oublier mes mensonges, la fièvre du moment. Je n'avais pas mis de capote comme d'habitude et pour moi ça n'était pas nécessaire puisque Carole prenait la pilule.

     

    -       Mais, je croyais que tu prenais la pilule !!!

    -       C'était le cas, sauf que je l'avais oubliée 1 fois quelques jours plus tôt, j'ai voulu rattraper mon oubli, mais je n'étais déjà plus protégée. Je suis désolée Steph...

     

    A l'entendre m'appeler ainsi, je sentis mon cœur se briser, elle portait mon enfant, bordel !!!! Qu'est-ce que je devais faire ???

     

    -       Que comptes-tu faire ? lui demandais-je.

    -       Je ne peux pas garder cet enfant, tu as ta vie maintenant, et je ne pourrais pas assumer seule, ce serait trop dur. Et s'il te ressemblait, ça serait d'autant plus dur, parce que je t'aime encore.

     

    Mon égoïsme reprit le dessus:

     

    -       Tu as raison, il vaut mieux ne pas compliquer les choses plus qu'elles ne le sont. Fais ce que tu as à faire et si tu as besoin d'argent, fais-le-moi savoir. dis-je durement.

     

    Je vis son visage se décomposer, elle ne s'attendait pas à ça, j'entendis presque son cœur se briser. Je m'en allais rapidement sans la regarder. J'avais honte de moi, mais j'étais aussi trop fier pour le reconnaître. Dans la voiture, j'allumais la radio, je n'avais pas envie d'écouter de musique, je mis donc une chaîne d'information locale très connue. La journaliste commençait juste à donner les titres du journal, quand une annonce attira mon attention:

     

    **** Sombre affaire qui nous est parvenue il y a quelques instants. Un jeune homme a été retrouvé, laissé pour mort dans le bois du lac d'Oasis Springs, il y a maintenant, environ 2 heures. Il a été conduit d'urgence à l'hôpital central dans un état critique.

    Selon l'enquête préliminaire, on lui aurait tiré dessus à bout portant, à première vue dans une affaire de règlement de comptes. Le passeport retrouvé sur la victime a permis de l'identifier comme étant Daniel BEAUBRUN âgé de 27 ans, pour l'heure, rien ne permettrait d'identifier l'auteur du coup de feu qui a prit la fuite. Le randonneur ayant retrouvé le jeune homme, nous raconte au micro de notre journaliste Xavier MACIUS:

     

    -       Nous sommes ici en direct avec Mr Antonin, qui a retrouvé le corps du jeune Daniel BEAUBRUN. Mr Antonin, voulez-vous nous dire ce qui s'est passé?

    -       Hinbin oui, je lé vu la le ti gars, on lui a tiré dessus, alors jé appelé lé secouw !

    -       Et pourquoi vous trouviez-vous là à ce moment précis de la journée?

    -       Hinbin, comme tout lé matin jè fé ma tite marche pouw me détende, épuis, jé entendu une déconation, alow jé couru vit'ment préssé pour voir sess' ki sè passait par là. Epuis, j'ai vu le pov' bonhomme couché par terre la, alow jé même cru il s'était évanoui, mé quand jé me suis approché, jé vu di sang, alors jé apellé lé secouw!

    -       Qu'avez vous ressenti en trouvant ce jeune homme inconscient ?

    -       Ah méssié, jé eu peur quand même, la prèmière fois je vois ça oui! Mé jè me suis di, si jamais il est vivant toujouw, fallais que jè fasse vite, alow jé apellé lé secouw !

    -       Ça fait donc de vous le héros du jour ?

    -       Hinbin oui hin, què voulé vous, mé sé triss sa quand minm, jé suis certain que sé pou'w une histoire de drog'!

    -       Euuh, merci Mr Antonin, à vous les studios.****

     

    Je n'en croyais pas mes oreilles !!! Putain, c'était Dan !!! Oh mon Dieu, non !!! Pourvu que ce soit une erreur !!!! Je saisis mon portable et composais le numéro du domicile des parents de Dan.

     

    (....) Personne

     

    Le portable de Dan...

     

    (...) Bonjour, vous êtes bien sur la messagerie de...

     

    Oh putain !!!!! Nooooon !!!!

     

    Je démarrais en trombe et roulais comme un fou jusqu'à l'hôpital où j'aurais sans doute des réponses.

     

     

    Arrivé aux urgences, je vis la mère de Dan, le visage ravagé et son père qui la serrait contre lui, le visage sombre. Je me précipitais à leur rencontre.

     

    -       Gérard !!! J'ai appris la nouvelle en entendant les informations à la radio, je suis venu aussi vite que j'ai pu. Comment va-t-il ????

    -       Stéphane... Merci d'être venu. Les médecins ne savent pas encore nous dire ce qu'il en est. Ils l'ont emmené en salle d'opération, et nous sommes là, nous attendons les nouvelles. Nous ne savons même pas si il est encore en vie...

     

    Sa voix se brisa... Je posais ma main sur son épaule. J'étais complètement anéanti. Dan ne pouvait pas mourir !!!! Il était jeune et en bonne santé, il ne pouvait pas mourir, pas comme ça !!! J'avais la haine !!!

     

     

     

    -       Mr et Mme BEAUBRUN, puis-je vous parler un instant ???

     

    Le médecin prit les parents de Dan à part et je me rapprochais discrètement pour suivre la conversation:

     

    -       Nous sommes très pessimistes concernant le pronostic vital de votre fils. La balle a traversé le poumon droit et en chutant, il s'est fêlé une côte. Heureusement, et je ne sais par quel miracle la blessure par balle était très nette, c'est même la première fois que je vois ça sur une blessure de ce type, elle était logée extrêmement près de la colonne vertébrale, nous avons pu l'extraire sans difficulté sans endommager la moelle épinière. Nous avons fait notre possible pour...

     

    -       Est-ce qu'il va survivre Docteur ???

    -       Pour l'instant, il est tombé dans un coma profond dont nous ne savons s'il se réveillera, et si c'est le cas, il risque de garder des séquelles. Il lui faudra faire de la rééducation... Mais nous n'en sommes pas encore là...

    -       Docteur, faites l'impossible pour sauver mon enfant, la mère de Dan sanglotait, les enfants ne sont pas censés partir avant leurs parents, s'il vous plaît je vous en supplie !!!!

    -       Je ferais tout ce qu'il sera en mon pouvoir, mais sachez qu'il est possible qu'il ne passe pas la nuit.

     

    Le cri de douleur de la mère de Dan me fût insupportable, je sortis de la pièce. Le front posé contre un mur, je repensais à Dan, à ses éclats de rire, aux blagues qu'on se faisait et à la façon dont les choses s'étaient brisées entre nous, et je me mis à pleurer comme un enfant...

     

     

     

     

    Les sanglots me coupaient la respiration, je sentis alors une main douce sur ma nuque.

     

    -Stéphane... me dit Carole, je viens d'apprendre la nouvelle, je suis désolée... Je la pris dans mes bras et la serrais fort contre moi.

     

     

    ***********

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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