• - CHAPITRE 6.2 -

    - CAROLE  -

     

    Ainsi les dés étaient jetés, Stephane ne voulait pas de notre enfant.... Je ne savais plus où j'en étais, il me fallait me vider la tête, n'importe quoi pour ne plus penser à tout ça... J'allumais l'ordi, puis l'éteignis... pffff !!!! Que faire ??? J'étais sur les nerfs !!!

     

    Je décidais d'aller dormir, pour ne plus avoir à tourner en rond. J'allumais la radio afin de m'aider à me détendre. Le dernier tube de Richard Birman* me berçait, et je commençais à m'assoupir quand dans une sorte de brume la voix de la journaliste qui présentait le journal me parvint:

     

    *** (...) Selon l'enquête préliminaire, on lui aurait tiré dessus à bout portant, à première vue dans une affaire de règlement de compte. Le passeport retrouvé sur la victime a permis de l'identifier comme étant Daniel BEAUBRUN âgé de 27 ans (...) ***

     

    J'ouvris les yeux, et me redressais sur le lit, frappée d'horreur. Oh seigneur !!!! Ils étaient en train de parler de Dan !!! D'un bond je me précipitais pour augmenter le volume, un homme disait avoir retrouvé Dan, en sang, isolé dans un bois. La pièce se mit à tourner, et je courus dans la salle de bain, agenouillée devant la cuvette des w-c je vomis toutes mes tripes. Je m'assis par terre le cœur au bord des lèvres. Stephane était-il au courant ? Il fallait qu'il sache que son meilleur ami était entre la vie et la mort. J'essayais de le joindre en vain, son portable sonnait dans le vide... Il devait filtrer ses appels, putain ce n'était pas le moment qu'il se conduise en enfant gâté !!!!

     

    J'attrapais mon sac et sorti en courant de chez moi. Je dévalais les marches à toute allure et sautais pratiquement dans ma voiture. Je démarrais et quittais la résidence en direction de chez Stephane. Une fois arrivée, je vis sa mère qui arrosait les plantes.

     

     

     

    Je descendis de voiture:

     

    -       Bonjour Andréa, Stéphane est là ?

    -       Bonjour ma petite, non il n'est pas là, je ne l'ai d'ailleurs pas vu depuis hier et je commence à m'inquiéter. Lui as-tu parlé ?

    -       Oui, oui, je l'ai vu ce matin, nous avons discuté, mais il ne s'agit pas de ça... Avez-vous écouté les informations?

    -       Non, j'étais dehors dans mon jardin, mais je les prendrais plus tard. Pourquoi que s'est-il passé ? Je lui racontais ce que j'avais entendu, et elle se pétrifia:

    -       Oh mon dieu, c'est affreux !!! Je n'ose pas imaginer la détresse dans laquelle doivent se trouver Maria et Gérard !!! Où l'ont-ils emmené? A l’hôpital Pierre-Zobda Quitman?

    -       Oui, et je compte y aller, mais je voulais avertir Stephane, je n'arrive pas à le joindre, il ne répond pas à son portable.

    -       Seigneur tout-puissant, pourvu que Dan...

    -       Ne dites pas ça Andréa, je vous en supplie, ce serait terrible pour nous tous !!!

     

    Je pris congé de la mère de Steph et pris la route en direction de l’hôpital. En arrivant, j'eus des difficultés à me garer, et en tournant dans le parking pour chercher une place, j'aperçus la voiture de Steph. Dieu merci, on l’avait prévenu! Finalement je trouvais un emplacement et me dépêchais de m'y engouffrer.

     

    En entrant dans le hall, je ne vis personne, je demandais à l’accueil et on me répondit sèchement qu’il fallait que je patiente. Je m’assis donc en priant intérieurement pour que Dan s’en sorte.

     

     

    Quelques instants plus tard je vis Steph sortir d’un couloir l‘air perdu, il ne me vit pas et appuyé contre le mur, il fondit en larmes. Mon coeur s’arrêta de battre. Se pouvait-il que Dan soit... Pitié Seigneur, non !!!!

     

    Je m’approchais de Steph et lui caressais la nuque, il leva ses yeux noyés de larmes vers moi:

     

    -       Stéphane... je viens d'apprendre la nouvelle, je suis désolée...

     

    Il me prit dans ses bras et je sentis qu’à cet instant il avait vraiment besoin de moi:

     

    -       Il ne savent pas s’il pourra s’en sortir, sanglota-t-il dans mon cou. Il est dans le coma et risque de ne jamais se réveiller.

    -       Oh non !!! Comment est-ce arrivé ???

    -       Nous n’en savons rien, il semblerait qu’il soit allé courir et qu’il ait fait une mauvaise rencontre. Il se dégagea de mon étreinte et son regard se fit lointain:

     

    -    Si jamais il arrivait quoi que ce soit à Dan, jamais je ne pourrais m’en remettre. Je me rends compte que tout ça était absurde. C’était des futilités, j’aime Dan comme un frère, pourquoi a-t-il fallut que les choses aillent si loin ?

    -    Ne pense plus à tout ça, ce n’est pas le moment! Il faut que nous soyons forts. Dan a besoin de nous.

    -   Toi tu ne devrais pas être là dans ton état, rien ne doit venir te perturber. Je suis désolé de tout ce que je t’ai dit tout à l’heure. Je serais là pour toi, quoi que tu décides…

     

    Je posais mon doigt sur ses lèvres:

     

    -   Ne dis rien, je sais...

     

    Nous ne dîmes plus rien pendant quelques instants et je le suivis dans l’autre pièce, là où se trouvaient les parents de Dan. Je les saluais, leur exprimais mon soutien, et je m’assis aux côtés de Stéphane. Sa main vint se nicher dans la mienne, et je la lui serrais pour lui faire comprendre que j’étais là. Aucun de nous ne pipait mot. De temps en temps, une infirmière passait dans le couloir, sans jamais nous dire ce que nous espérions tous entendre. Et l’attente se prolongeait intenable, insupportable...

     

    Je m’étais assoupie, la tête sur l’épaule de Steph, depuis combien de temps ? Je n’en savais rien. Je vis qu’il me regardait, guettant l’instant où je me réveillerais.

     

    -   Tu devrais rentrer te reposer, ce n’est pas bon pour toi de rester là. Je t’appellerais dès qu’il y aura du nouveau.

     

    Je secouais la tête:

     

    -   Je ne partirais pas, et ce n’est pas la peine d’insister.

    -    Ok, c’est comme tu veux. Mes parents viennent juste de s’en aller. Ils sont venus apporter leur soutien aux parents de Dan.

     

    La porte s’ouvrit et un homme en blouse blanche entra dans la pièce, il s’adressa aux parents de Dan:

     

    -   Nous avons pu le stabiliser, cette nuit seras décisive pour la suite, je vous conseille de rentrer vous reposer, il ne sert à rien que vous restiez là. Nous vous contacterons s'il y a le moindre changement.

     

    Le père de Dan s’exclama d’une voix tonitruante:

     

    -   Il est hors de question que j’abandonne mon fils seul ici !!! Dieu seul sait ce que vous lui ferez!

    !!! Si jamais il devait lui arriver quoi que ce soit, vous entendrez parler de moi !!!

    -    Allons Gérard, calme toi, dit Maria en posant la main sur son bras, Daniel est entre de bonnes mains, n’est-ce pas Docteur ?

    -   Absolument Madame, nous le gardons en observation cette nuit, si jamais il devait se passer quoi que ce soit, nous avons une équipe prête à intervenir. Ne vous inquiétez pas. Je peux vous laisser le voir quelques minutes avant que nous ne l’emmenions en salle d’observation, puis se tournant vers nous, vous souhaitez le voir également j’imagine? Vous êtes de la famille ?

    -   Je suis son frère répondit Stephane.

    -   Et bien jeune homme, vous pourrez y aller après vos parents, mais pas plus de quelques minutes.

     

    Il sortit de la pièce en compagnie de Maria et Gérard, je me tournais vers Steph:

     

    -  Je t’attendrais ici quand tu iras le voir.

    -  Non, je voudrais que tu sois là.., me dit-il en posant son bras autour de mes épaules.

     

    Enfin, nous pûmes nous rendre dans la chambre de Dan. La pièce était faiblement éclairée, et je vis le visage blafard de Dan. Un moniteur égrenait un bip régulier, et des tuyaux étaient branchés un peu partout, je me sentis défaillir. Comme il avait l’air jeune, son visage contusionné était presque enfantin. Je vis ses paupières s’agiter, dans son sommeil semi-mortel. Stéphane s’approcha et s’assit à coté du lit:

     

     

     

    -  Dans quel état es-tu mon frère ? dit-il doucement, et il sourit, tu as le chic pour te fourrer dans de drôle de situation ! sa voix se brisa. Malheureusement, je n’étais pas là pour t’aider, je regrette de ne pas avoir été là pour toi. Ne me laisse pas Dan, j’ai encore besoin de toi. On a encore plein de choses à vivre tout les deux... Et devine quoi... Je vais être papa, il faut que tu sois là, pour m’aider avec ce p'tit bout qui arrive. Dan, tu n’as pas le droit de mourir tu m’entends ??? T’as pas le droit de me laisser tomber!!!! Il fondit en larmes.

    Je restais debout dans l’encadrement de la porte, et je n’osais rien dire. Il reprit contenance:

     

    -  Regarde qui est là mon pote, c’est Carole. Tu vois ? Il faut que tu te rétablisses vite pour que tout soit comme avant. J’ai envie qu’on rattrape le temps perdu.

     

     Les paupières de Dan bougèrent mais ses yeux restèrent désespérément clos.

     

    -  Je sais que tu m’entends mon gars !!! Tu vas vraiment faire chier jusqu’au bout ??? Réveilles toi Dan !!!

    -  Steph, il faut vraiment qu’on parte maintenant...

     

    Il se leva. Posa sa main sur l’épaule de Dan et la pressa:

     

    -  On te laisse, mais ne t’inquiète pas, on reviendra très vite. Ne fais pas de bêtise en mon absence mec, je sais que même dans le coma, tu draguerais la p'tite infirmière...

     

    Je m’approchais du lit et déposais un baiser sur le front de Dan :

     

    -  Remets-toi vite...

     

    Nous sortîmes doucement de la pièce sans dire un mot. Dehors, il faisait déjà nuit. Une fois arrivé dans le parking, Stéphane se tourna vers moi:

     

    -  Je ferais la route avec toi pour m’assurer que tu arrives sans encombre.

    -   Ce n’est pas nécessaire tu sais.

    -  J’y tiens, je veux être sur que tu es bien arrivée.

    - Bon d’accord, allons-y.

     

    Nous prîmes la route, il n’y avait presque pas de circulation. La présence de Steph dans sa voiture derrière moi était rassurante. Je me garais devant chez moi quelques instants plus tard, Stéphane sur les talons. Je sortis de mon véhicule, il était déjà debout devant la porte d’entrée:

     

    -   Je viens avec toi, je vais m’occuper de toi, tu dois être épuisée.

    -   Vraiment Steph, ne te donne pas cette peine, je suis une grande fille, je vais me débrouiller.

    -   Et si tu arrêtais de me contredire sans cesse ? dit-il en me prenant la main.

     

    Une fois à l’intérieur, il me réchauffa un plat, me fit couler un bain et me mit au lit, comme une enfant. Je ne l’avais jamais vu ainsi.

     

    -   Bon, maintenant que je suis sûr que tu es bien, je vais te laisser.

    -   Et… si tu restais cette nuit ?

     

    Il me regarda sans répondre, et ôtant sa chemise, il vint s’allonger à mes côtés. Je m’endormis tandis qu’il me serrait contre lui pour me réchauffer. J’étais bien, enfin...

     

     

     

     

     

     

    ********************************

     

     

     

    * Chanteur guadeloupéen.

     

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