• - CHAPITRE 7.2 -

    - CAROLE -

     

    Cette grossesse m'épuisais, le matin quand je me réveillais, je n'avais qu'une envie, c'était de me couvrir la tête et me rendormir. Mais je serrais les dents, et luttant contre la nausée qui m’assaillait, je me levais et me préparais avant d'aller travailler. Au bureau, je me cachais pour vomir, et je masquais mon mal-être. Je n'avais toujours rien dit à mon père de mon état. Je craignais réellement sa réaction, je savais qu'il ne prendrait pas bien la nouvelle. Heureusement le soir quand je rentrais, je n'avais rien à faire, la plupart du temps Stephane était là et il s'occupait de moi, me préparait à manger, rangeait la maison, me tenait compagnie. Je n'étais plus seule le soir quand je m'endormais, il était là à mes côtés. Seulement au matin, je constatais à chaque fois qu'il était parti dans la nuit. Je ne pouvais pas lui faire de reproches, il m'avait dit qu'il avait sa vie. Une petite amie qui ignorait tout de sa future paternité, mais qu'il rentrait retrouver toutes les nuits. J'avais le cœur gros. J'avais tellement envie que les choses reprennent entre nous. Notre relation était ambiguë, nous dormions parfois dans le même lit, dans les bras l'un de l'autre, mais aucun baiser, ni aucune caresse n'étaient échangés, ça me manquait. Mais j'étais seulement la mère de son futur enfant et il prenait soin de moi, rien d'autre. Quand l'enfant naîtrait, il s'occuperait de lui, et je passerais en second plan. Car j'avais finalement décidé de garder ce bébé. Steph le voulait et moi aussi, alors pourquoi pas ?

     

    J'en étais là de mes réflexions, sans pour autant avoir touché à la pile de documents qui s'amoncelait sur mon bureau. Je réprimais un bâillement.

     

     

    - CHAPITRE 7.2 -

     

     

    Au même moment, mon père entra comme une tornade dans mon bureau:

     

    -       Et alors Carole, on bâille aux corneilles ??? Tu crois que ces dossiers vont se traiter seuls ? Ce n'est pas comme ça qu'on fait tourner une étude !!! Je ne t'ai pas embauchée pour que tu sois là à te tourner les pouces !!!

    -       Papa s'il te plaît, je me suis juste arrêtée quelques minutes. Je ne vais pas provoquer ta faillite pour deux minutes de pause tout de même !

    -       Pendant que tu te reposes, d'autres travaillent et font le boulot à ta place !!!! C'est inadmissible, je ne tolérerais pas ça !!!

     

    - CHAPITRE 7.2 -

    Il sortit de la pièce en fulminant.

     

    Je fermais les yeux, réprimant l'envie de lui dire tout ce que j'avais sur le cœur, j'inspirais profondément et finalement, j'attrapais un dossier et me mis à le lire frénétiquement. Mon père me donna sèchement ses instructions du jour et quitta la pièce. Décidément, la journée ne s'annonçait pas facile du tout aujourd'hui. J'avais hâte de rentrer chez moi.

     

    A 15h, Stéphane me téléphona. Il m’apprit que Dan était sorti du coma depuis la veille au soir, et qu'il comptait se rendre à l'hôpital. Il me proposa de venir me chercher afin que nous y allions ensemble, mais après les remontrances de mon père, je déclinais sa proposition, je voulais rattraper le retard que j'avais pris. Ainsi Dan s'en était sorti, j'en étais soulagée. J'espérais à présent que nous pourrions reprendre le cours de nos vies respectives, en faisant table rase de tout ce qui avait pu se produire.

    Quand je pus enfin quitter le bureau, le soleil déclinait déjà. Je passais devant une pâtisserie et j'eus une folle envie d'un éclair au chocolat. Moi qui en temps normal ne mangeais aucune sucrerie, je me tenais là devant la vitrine, trépignant sur place, brûlant d'envie de dévorer le gâteau.

     

    - CHAPITRE 7.2 -

     

    Mais à peine eus-je mordu dans la crème onctueuse, que je ressentis un violent haut-le-cœur, et j'eus à peine le temps de me pencher dans le caniveau pour tout rendre.

     

    -       Çà va mademoiselle ? me demanda un gros bonhomme qui passait.

    -       Oui, je suis désolée, c'est juste que je crois que je n'aurais pas dû manger ça.

    -       Vous ne seriez pas enceinte vous par hasard ??? Aaaaah ça, j'en connais un rayon ! Ma femme et moi avons eu 8 enfants vous savez, j'ai connu ça !!! Et elle m'en a fait voir de toutes les couleurs la bougresse! Aaaaah les femmes enceintes, ce n'est pas que du bonheur croyez moi!!! Allez, ce sont les aléas de la grossesse, ne vous en faites pas, ça passera bientôt va ! et il partit d'un rire gras.

     

    Franchement qu'est-ce que j'en avais à faire ? Je me sentais mal et celui-là qui me parlait de sa vie. Pffff...

     

    Poliment je le remerciais de sa sollicitude et je partis aussi vite que me le permettait ma nausée persistante.

     

    Arrivée chez moi, je me déshabillais et prit une douche. J'en avais besoin, je me sentais toute poisseuse. Sous l'eau chaude, je sentis les tensions de mon corps s'évacuer... Rien ne valait que je me prenne la tête. J'attendais un bébé et son papa était là pour moi. Tout irait bien. J'effleurais mon ventre, et tentais de le rentrer, il n'était plus aussi plat qu'avant, mais quelqu'un qui ne savait rien de ce qui se passait, penserait que j'avais juste pris un peu de poids. Je me demandais de quoi j'aurais l'air avec mon gros ventre, si j'aurais du mal à marcher et si j'aurais tous ces maux dont souffraient les femmes enceintes.

     

     

    - CHAPITRE 7.2 -

     

     

    Je me trouvais vraiment sotte, j'aurais bien le temps de ressentir tout cela, pour le moment, je voulais juste profiter de l'instant présent.

     

    Je sortis de la douche, complètement apaisée et détendue. J'enfilais une combinaison de nuit, et m'étendis sur le canapé, juste quelques instants pour me reposer un peu et ensuite j'irais préparer le dîner...

     

    ....

     

    Je me réveillais 1 heure et demie plus tard, incommodée par ma position inconfortable. Avant même de le voir, je sus que Steph était là, et si je me fiais à mon odorat, il devait être en train de fumer. Habitude que je lui avais plusieurs fois demandé de perdre. Il me faudrait remettre le sujet sur le tapis, car avec l'heureux événement qui s'annonçait, il ne fallait prendre aucun risque. Je l'appelais pour lui faire savoir que j'étais réveillée:

     

    -       Stéphane ? Tu es là ?

     

    Je vis un éclat rouge fuser dans l'air, du coté du balcon:

     

    -       Oui la puce, je suis là.

     

     

    - CHAPITRE 7.2 -

    Il s'assit à coté de moi et je lui demandais des nouvelles de Dan. Il me raconta comment s'était passée sa visite, et je souris en apprenant que Dan faisait le difficile, ça ne m'étonnait pas de lui.

     

    Puis Stéphane me demanda:

     

    -       Tu as faim ? Je t'ai préparé de quoi manger.

    -       Non merci, là j'ai plutôt envie de vomir.

    -       Il faut que tu manges, je sais que ce n'est pas évident, mais essaye pour le bébé, il en a besoin.

     

    Pourquoi était-il aussi à l'écoute? Je lui posais la question, et sa réponse ne se fit pas attendre:

     

    -       J'ai changé d'avis, tu ne l’as pas remarqué ? J'aimerais m'occuper de mon enfant. C'était stupide de ma part de t'avoir dit le contraire. J'étais très mal le jour où tu m’as annoncé ça, j'ai réagi comme un con. Je veux juste me rattraper, je serais là tant que tu auras besoin de moi, et je serais là aussi le jour de l'accouchement... si tu veux bien de moi bien sur...

     

    Bien sur, il s'occupait de la mère de son enfant, ce qui lui paraissait normal, mais moi, la frustration m’étouffait et je ne pouvais rien dire:

     

    -       Et ta copine ? Est-ce que tu lui en as parlé ?

     

    Je vis sa mâchoire se crisper, ses yeux qui avaient un éclat doré l'instant d'avant changèrent de couleur, et s'assombrirent:

     

    -       Je n'ai rien dit. Et s'il te plaît n'en parlons plus. Il faut que tu manges.

     

    Je ravalais un sanglot, je me sentais jalouse de cette fille que je ne connaissais pas. Imaginer l’homme que j’aimais dans les bras d’une autre m’était insupportable. J’eu envie d’insister, mais il avança l’assiette vers moi. L'odeur du steak haché me répugna, je fis la grimace.

     

    -       Allez pas de caprice, essaye de manger un peu, ça te fera du bien, et après si tu veux on ira marcher histoire de prendre l'air.

    -       D'accord, mais c'est bien pour te faire plaisir.

     

    A peine avais-je mangé 3 bouchées, que c'était reparti pour un tour, je rendis tout, penchée sur la cuvette des w-c. Pffff j'en avais marre !!!!! J'entendis Stéphane qui faisait la vaisselle, ben dites donc, il y avait vraiment du changement. Je me rinçais la bouche, et au moment de retourner au salon, j'entendis la sonnerie de la porte d'entrée:

     

    -       Laisse, j'y vais !!! criais-je à Steph.

     

    Quand j'ouvris la porte, je restais surprise, je ne connaissais pas la jeune femme qui se tenait debout sur la pallier, elle était grande, extrêmement belle et avait une peau chocolat, veloutée.

     

    - CHAPITRE 7.2 -

     

    Ses grands yeux noirs me fixaient d'un air de défi, et quand elle ouvrit la bouche, sa voix me fit l'effet d'un miaulement de félin:

     

    -       Bonsoir, est-ce que Stéphane est là ?

    -       Et qui êtes-vous ?

    -       Comment ? Stéphane ne t'as donc pas parlé de moi , Carole? Je suis vraiment vexée. Je suis pourtant sûre que tu dois me connaître. Elodie, ça ne te dit rien ?

     

    Je sentis la pièce tourner autour de moi, la nausée me reprit, mais je ne cédais pas:

     

    -       Comment as-tu trouvé chez moi ????? Tu n'as rien à faire ici, casse-toi !!!!! Tu as un sacré toupet !!!!!

    -       Je ne partirais pas, je suis venue chercher mon homme...

     

    J'entendis Stéphane sortir de la cuisine pour voir ce qui se passait. Il vint se mettre derrière moi et ouvrit la porte en grand. Quand Elodie le vit, son visage s'éclaira:

     

    -       Bonsoir mon chéri...

     

    - CHAPITRE 7.2 -

     

     

    Elle s'avança dans la pièce et me poussa hors de son passage, elle se frotta à Stéphane:

     

    -       Tu m'as manqué, tu sais... Il la repoussa:

    -       Mais qu'est-ce que tu fous là toi ???? T'as un problème ou quoi ???? Fous le camp !!!

    -       Je ne partirais pas sans toi mon amour, tu te rappelles que je t'avais dit que tu regretterais de m'avoir quittée, je suis sûre que tu n'as pas oublié... Et bien, je suis là maintenant pour reprendre les choses où nous les avons laissées.

     

    Je regardais Stéphane sans comprendre:

     

    -       Steph, je croyais que tu m'avais dit que tu ne l'avais jamais vue.

    -       Carole, j'ai menti, ok ? J'ai menti je l'avoue, mais j'ai fait ce que je t'avais promis, je l'ai larguée dès le lendemain, mais il faut croire qu'elle n'a pas compris.

     

    J'avais le cœur au bord des lèvres, j'essayais d'assimiler les informations qui m'arrivaient au compte-gouttes, quand la voix de Stéphane me fit sursauter:

     

    -       Je t’avais avertie de ne pas me menacer, et toi tu fais pire que ça ! Tu oses venir ici pour foutre la merde !!! Mais tu ne sais même pas ce que tu viens de faire ma pauvre fille !!! C’est moi qui te le dis maintenant… tu vas le regretter !!!  

     

    Il l'attrapa par le bras pour la faire sortir, ils luttèrent un moment et elle se dégagea:

     

    -       NE ME TOUCHE PAS !!!  Au fait Carole, Stéphane ne t'a pas raconté tous les petits délires qu'on se faisait lui et moi. Il ne t'a pas raconté à quel point il aimait me faire l'amour ? Non ? Oh quelle tristesse…  Et bien, on le faisait chaque fois qu'on le pouvait, trois ou quatre fois de suite, plusieurs fois dans la journée. Je suis sûre qu'il n'a jamais mis autant d'ardeur avec toi. Elle eut un petit rire sournois.

    -       Ferme là Elodie !!!!! s'énerva Stéphane.

    -       S'il te plaît Stéphane, ne sois pas vulgaire, gentil petit garçon de bonne famille, mais de mauvaise éducation...

    -       Sors de chez moi pétasse !!!! Casse-toi !!!! hurlais-je

     

     

    - CHAPITRE 7.2 -

    Je me précipitais sur elle, dans l'intention de la faire dégager de mon appartement, mais elle me

    surprit, profitant de l'élan que j'avais pris, elle me repoussa brutalement sur le côté. Avant que Steph ne puisse faire quoi que ce soit pour me rattraper, je perdis l'équilibre et en tombant, je traversais la vitre de la table basse du salon qui explosa en un million de morceaux argentés...

     

     

    - CHAPITRE 7.2 -

     

                                                              ***************

     

     

     

     

     

     

     

     

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