• - CHAPITRE 13.1 -

    - STEPHANE -

     

     

    Les images de la soirée de la veille me revenaient en mémoire au fur et à mesure que je reprenais contact avec la réalité. Dans ma bouche, ma langue était lourde et pâteuse avec un arrière-goût âcre persistant. Je grimaçais en essayant de me lever, dans ma tête un tambour résonnait sans relâche. Je titubais jusqu'à la salle de bain, une envie de vomir me tenaillant l'estomac. Je me penchais sur la cuvette juste à temps, et en me relevant, je croisais mon regard dans le miroir au-dessus du lavabo. J'avais une mine affreuse, le cheveu hirsute et l'œil éteint. Qu'avait-il bien pu passer par la tête de cette fille ? Me droguer pour pouvoir coucher avec moi ! C'était complètement insensé !

     

    - CHAPITRE 13.1 -

     

     

    Je me dirigeais vers la cuisine pour me soulager avec une aspirine. J'étais en retard pour le boulot, mais peu m'importait, je me sentais vraiment trop mal. De retour dans la salle de bains après avoir avalé mon aspirine, je me glissais sous le jet d'eau glacée. J'en avais bien besoin pour me remettre les idées en place. J'avais beau essayer de savoir pourquoi Vanessa avait été jusque-là, je n’arrivais pas à comprendre. Comme si je n'avais pas assez de problèmes, il fallait qu'elle vienne en rajouter. Soudain, je me souvins qu'elle avait parlé d'anxiolytique, ne sachant pas de quoi il s'agissait, je m’installais devant mon PC pour effectuer une recherche sur Google. Le premier lien me redirigea sur Wikipédia et je pus me rendre compte qu'il s'agissait de médicaments prescrits parfois pour traiter des troubles du comportement mineurs. Est-ce que cela voulait dire que Vanessa était dérangée ? Un frisson glacé me parcourut, jusqu'où aurait-elle pu aller ? C'était complètement fou !!!

     

    - CHAPITRE 13.1 -

     

     

    Je me passais la main dans les cheveux en proie à l'incompréhension la plus totale. A moins que je n’aille directement lui demander des explications, ce qui était hors de question, je n'aurais jamais de réponses sur son geste. Et porter plainte ? Mais bien sûr… les policiers me riraient au nez à coup sûr. Un homme qui se fait violer…  Ce n’était même pas la peine. Je n’avais pas du tout envie de subir les moqueries, pas aujourd'hui. Il me fallait tout de même en avoir le cœur net sur un point, je n’arrivais pas à me souvenir si éventuellement elle avait utilisé un préservatif, des trous noirs persistaient. Si elle n'en était pas à son coup d'essai, il me faudrait absolument savoir si je n'avais pas été exposé à quelconques risques. Je m'habillais rapidement, et attrapais mon portable afin de prévenir à mon boulot que je serais absent pour la journée.

     

    Il était déjà 9h30 quand je pris la route, et 10 minutes plus tard, je me garais à proximité du centre de dépistage IST. Il y avait peu de monde et je pus passer rapidement. Le médecin me reçut dans une pièce claire, sur les murs trônaient des affiches de préventions contre le sida, la décoration était sommaire, froide et impersonnelle, rien à voir avec le bureau du père de Carole, ou même celui de ma mère. Je me sentis un peu nerveux, mais il me mit tout de suite à l'aise: 

     

    - CHAPITRE 13.1 -

     

     

    -       Bonjour monsieur..., il consulta mon dossier fraîchement établi, Lemoine. Dites-moi ce qui vous amène.

    -       Voilà, j'ai eût un rapport non protégé avec une autre fille que ma copine et je voudrais faire un test.

    -       Hé bien, je ne vais pas vous faire la morale sur le fait d'avoir des rapports sexuels non protégés avec des partenaires multiples, vous avez conscience d'avoir pris un risque et c'est très bien d'être venu vous informer sur votre état de santé.

     

    -       En fait non, j'ai toujours eu des rapports protégés, mais là c'est une situation qui sort de l'ordinaire et qui est assez compliquée à expliquer.

    -       Je vois. Nous allons donc prélever un échantillon de votre sang, et de vos urines. Les premiers résultats vous seront délivrés dans 1 semaine environ. Mais pour que nous soyons sûrs que tout va bien, vous devrez repasser un test dans 3 mois. Vous allez passer dans la pièce d'à côté et l'infirmière s'occupera de vous.

     

    J'opinais du chef et me levais pour me diriger dans la pièce qu'il m'indiquait. Une jeune infirmière m'y attendait. Je la saluais et m'assis sur le siège qu'elle me désigna:

     

    -       Alors vous allez détendre votre bras, je vais vous prendre un peu de sang. Ne vous crispez pas surtout, détendez-vous.

     

    J'avais toujours eu horreur des piqûres, et je retins mon souffle quand elle approcha la seringue de mon bras. La mâchoire crispée, j'attendais la douleur. Je fermais les yeux pour ne rien voir et quelques instants plus tard elle m'annonça :

     

    -       J'ai terminé. Voici un pot dans lequel nous allons recueillir vos urines.

    -       Quoi ? Déjà ? Mais je n'ai rien senti !

    -       Tant mieux alors, ça veux dire que je fais bien mon travail, me répondit-elle avec un sourire.

     

    Je soupirais de soulagement, cela avait été plus vite que je le pensais et moins douloureux que je l'avais craint. L'infirmière me montra les toilettes et je pus m'isoler pour remplir le pot qu'elle m'avait confié précédemment. Je me sentais ridicule, mais il me fallait faire tout ça pour avoir l'esprit tranquille. Tout en me lavant les mains, je me souvins que Dan m'avait demandé de lui trouver une puce, j'aurais le temps en sortant du dispensaire de lui rendre ce fameux service, étant donné que j'avais pris ma journée. A l'accueil du cabinet médical, la réceptionniste me fixa un rendez-vous afin que je puisse récupérer mes analyses, et je pus m'en aller sans pour autant me sentir mieux, accablé et anxieux de ce que j'allais apprendre dans 1 semaine.

     

    Une pluie dense s'abattait sur la ville, et des nuages noirs menaçants laissaient présager que l'averse durerait un bon moment, certaines personnes couraient se mettre à couvert tandis que d'autres marchaient d'un pas rapide abritées sous un parapluie. Je me tenais debout sur le trottoir; trempé jusqu'à l'os, mais je n'en avais cure, plongé comme je l'étais dans mes réflexions. Pourquoi tout ça m'arrivait ? J'avais pris de bonnes résolutions, et pourtant les malheurs continuaient à s'abattre sur moi. J'eus envie de hurler de rage. J'en avais franchement ras-le-bol de toutes ces merdes. Ma vie m'échappait, je n'avais plus le contrôle de rien. Je marchais rageusement en direction de ma voiture et subitement les choses s'accélérèrent. Une mini fourgonnette à la vitesse anormale en pleine ville attira mon attention, je haussais un sourcil intrigué et la scène se passa comme au ralenti. Un enfant qui sortait du dispensaire avec sa mère, lui lâcha subitement la main, et se mit à courir vers une boutique de bonbons qui se trouvait de l'autre coté de la rue. La mère poussa un cri, affolée. Sans réfléchir plus avant, je me précipitais pour attraper le gamin. Je roulais avec lui dans le caniveau, juste à temps avant le passage du véhicule. Le conducteur pila et les freins émirent un crissement métallique. Il sortit précipitamment et s'approcha de nous, l'air confus. Il s'enquit de savoir si nous n'avions rien. Je me relevais tant bien que mal, tenant dans mes bras le petit garçon qui tremblait comme une feuille. Sa mère en pleurs courut vers nous, elle prit son enfant dans ses bras et le serra contre elle:

     

     

    -       Oh mon dieu, merci Monsieur !!! Heureusement que vous étiez là !!! Mon petit garçon aurait pu mourir sans votre intervention !!!

    -       Ce n'est rien, c'est tout à fait normal.

     

    - CHAPITRE 13.1 -

     

    Puis me penchant vers l'enfant, je lui caressais le visage, il avait une bosse énorme qui commençait à se former au niveau du front.

     

    -       Il ne faut plus lâcher la main de ta maman dans la rue. C'est très dangereux, tu sais? Et avant de traverser, il faut toujours vérifier qu'il n'y a pas de voiture qui arrive.

     

    Il ne répondit pas et enfouit son visage dans le corsage de sa mère. Celle-ci me serra la main chaleureusement en me remerciant encore un millier de fois. Je me sentis gêné et je pris rapidement congé d'eux. Je ne me sentais pas l'âme d'un héros, mais cette bonne action m’avait quelque peu remontée le moral. Avant de rentrer dans ma voiture, j'examinais les dégâts. J'avais un accroc à ma chemise, mon jean était couvert de saletés et j'avais très mal sur le côté, j'avais dû prendre un mauvais coup dans ma roulade. Soupirant de lassitude, je sortis du coffre la serviette que j'avais utilisé la veille à la plage et l'étalais sur le siège du conducteur, je m'installais précautionneusement derrière le volant en grimaçant de douleur. Décidément, j'aurais mieux fait de rester couché aujourd'hui. Un éclair zébra le ciel et un grondement sourd se fit entendre peu après, je démarrais et pris la direction du centre-ville. Comme d'habitude, et ce malgré le mauvais temps, la ville débordait d'activités. J'eu énormément de mal à trouver une place, mais je pris mon mal en patience et je continuais à tourner dans l'espoir d'en dénicher une.

     

     

    - CHAPITRE 13.1 -

     

     

    Quelques instants plus tard, j'entrais dans une boutique de téléphonie mobile et avisais la jeune femme debout derrière le comptoir:

     

    -       Salut cousine !!!

    -       Steph !!! Hé ben dis donc, ça doit faire au moins 3 mois que je ne t'ai pas vu !!! Quoi de neuf ?

    -       Ben je suis là tranquille, on fait aller et toi ?

    -       Pareil, rien de spécial dans la vie, boulot, doudou, dodo. Et Carole ? Elle va bien Mal à l'aise, je répondis du bout des lèvres:

    -       Ça va... Dis donc Jessica, j'ai besoin d'une puce...

    - 15€ mon vieux, ce n’est pas gratuit !

    -       Ouais, je sais, mais le truc, c'est qu'il faudrait que ça se fasse incognito, sans nom associé, ni facture...

    -       Tu montes un coup ou quoi ?

    -       C'est compliqué, tu pourrais ou pas ???

    -       C'est compliqué pour moi aussi, c'est très surveillé ces trucs-là maintenant, mais je vais voir ce que je peux faire pour toi, repasse dans 1 heure.

     

    - CHAPITRE 13.1 -

     

     

     

    1 heure plus tard après avoir traîné les pieds en long et large dans la ville et avoir essuyé quelques quolibets sur ma tenue dégoûtante, je retournais au travail de ma cousine, elle m'accueillit avec un sourire crispé :

     

    -       Bon, je me suis arrangée pour te rendre ce service… tiens, ça c’est un téléphone prépayé, ça te permets de passer inaperçu. Mais j'espère vraiment que tu ne vas rien faire qui puisse me faire perdre mon boulot. Je t'avertis Stéphane, ne me fais pas avoir de problème ou je te démonte !!!

    -       T'inquiètes pas ma chérie, c'est cool. Je te remercie.

     

    Je me penchais vers elle au-dessus du comptoir pour déposer sur sa joue un baiser sonore.

     

    -       J'y vais ! Porte-toi bien et merci encore !!!

    -       Pas de soucis cousin !

     

    Je rentrais chez moi, et me déshabillais pour prendre une douche chaude, dehors il pleuvait toujours à verse et les arbres du jardin pliaient sous les rafales de vent. En m'essuyant, je constatais qu'un large bleu s'étalait sur mon flanc droit, il virait déjà au violet et était extrêmement douloureux. Une fois habillé, je m'allongeais sur mon lit et pris mon téléphone pour appeler Dan:

     

    -       Salut !

    -       Hey frérot, quoi de neuf  ?

    -       J’ai ce qu’il te faut. Quand penses-tu venir le chercher ?

    -       Tu travailles aujourd'hui ? Je peux passer tout de suite ?

    -       Non, je ne taffe pas, je me suis mal réveillé ce matin, je suis resté chez moi me reposer.

    -       Ok, bon ben, je passerais plutôt demain.

    -       Ça marche !

     

    J'éteignis l'appareil, et jetais un coup d’œil vers la fenêtre, le temps ne s'améliorait pas, et je me surpris à penser qu'il serait tellement bon d'avoir Carole avec moi. Elle me manquait terriblement et j'avais envie ne serait-ce que d'entendre sa voix, mais son portable était constamment sur messagerie. Dans ma gorge, se formait une grosse boule que j’eu du mal à réprimer, j'enfouis mon visage dans la douceur de mon oreiller pour essayer d'enrayer l'angoisse qui menaçait de me submerger. Mais elle remporta la partie et je me mis à pleurer toutes les larmes de mon corps, pour Carole et l’enfant que nous avions perdu. Le sommeil vint m'emporter et je sombrais dans un abîme sans fond, peuplé de cauchemars où Elodie et Vanessa dansaient nues autour d'un feu d'une noirceur abominable. Elles s'embrassaient et se caressaient de façon obscène, devant une flopée de silhouettes sombres qui se délectaient du spectacle. Et moi, j'étais là, à leur merci, complètement impuissant face aux horreurs qu'elles me faisaient subir. Chaque fois qu'elles me touchait, des brûlures pareilles aux flammes de l'enfer me consumaient laissant des boursouflures odieuses sur ma peau. Je hurlais de douleur et de terreur. Tout cela avait l'air si réel. Je me réveillais en sursaut, transpirant et haletant, incapable de me contrôler et de reprendre contact avec la réalité... Dehors, la pluie avait cessé et il faisait nuit depuis longtemps déjà.

     

    Incapable de me rendormir, je me levais, me rhabillais et partis en voiture, errant dans la nuit, sans but... Aucun.

     

     

    (1 semaine plus tard)

     

     

    J'avais l'enveloppe en main, mais je n'osais pas l'ouvrir, j'avais peur de ce qu'elle contenait. 1 semaine s'était déjà écoulée, j'allais enfin savoir si cette soirée désastreuse allait avoir des conséquences sur ma vie. Nerveusement, j'enfouis la lettre dans la poche arrière de mon jean et retournais chez moi, la bile me montait à la bouche. J'avais peur. Je fermais la porte à clef, et partis m'isoler dans ma chambre, même si je savais qu'à cette heure de la journée, en plus un samedi, je ne serais dérangé par personne. Je m'assis sur mon lit, et ouvris l'enveloppe d'un coup sec, le cœur battant la chamade. J'étais face à moi-même. Silencieusement, je pris connaissance de la missive. Les mots me sautèrent aux yeux et la pièce se mit à tourner autour de moi.

     

     

    - CHAPITRE 13.1 -

     

     

     

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