• - CHAPITRE 13.2 -

    - CAROLE -

     

     

    J'étais en train de flâner en solitaire dans les rues de Puerto Lama quand une voiture s'arrêta à ma hauteur

     

    -       Bonjour beauté, je te dépose ?

     

    - CHAPITRE 13.2 -

     

    Une réponse cinglante était sur le point de sortir de ma bouche, mais avant que les mots eurent le temps de sortir, je reconnus en mon interlocuteur le jeune homme de l'aéroport.

     

    -       Claude !!! Comment vas-tu ? Excuse-moi je t'avais pris pour un dragueur du dimanche.

    -       J'ai failli me prendre une beigne si je comprends bien, rigola-t-il.

    -       Ce n'est pas passé loin, je l'avoue.

    -       Alors la puce, tu fais quoi là ?

    -       Je fais un peu de lèche-vitrine et toi ?

    -       Je traîne par ci, par là, je vais à la découverte de l'île. Ça te dirait de venir avec moi ? Tu connais bien les environs, tu pourrais peut-être me montrer quelques coins sympas...

    -       Pourquoi pas.... mais il faudra me ramener parce que j'ai laissé la voiture garée un peu plus loin.

    -       Pas de problème.

     

    Je contournais la voiture et m'assis du côté passager près de Claude. Nous nous fîmes la bise et il appuya sur la pédale d'accélérateur. Nous prîmes la direction du sud, je montrais à Claude différents endroits plus ou moins touristiques, il écoutait mes explications, mais j’eus l'impression qu'il ne s'y intéressait pas vraiment.

     

    - CHAPITRE 13.2 -

     

     

    A un moment il me demanda si je connaissais Oistins. Je lui indiquais la route et nous arrivâmes une trentaine de minutes plus tard devant un marché aux poissons. Je proposais à Claude de lui faire goûter au "fish-cake", il ne parût pas emballé par le concept, mais il accepta tout de même. Attablés dans un snack à côté du marché, nous devisions tranquillement en dégustant nos commandes. Je trouvais que Claude avait l'air fuyant, il regardait de tout les côtés comme s'il cherchait quelqu'un.

     

    - CHAPITRE 13.2 -

     

    -       Tu attends quelqu'un ?

    -       Euh non, pas du tout, je trouve qu'il y a beaucoup de monde là où nous sommes.

    -       Et alors ? Tu as peur qu'on te reconnaisse ? Tu es une rock star incognito ?

    -       Non, non, je suis un peu agoraphobe en fait. Quand il y a trop de monde, ça m'angoisse.

    -       On peut s'en aller si tu veux...

    -       Je ferais l'effort ta compagnie est si agréable.

    -       Si tu te sens mal, il n'y a aucune raison que nous restions ici !

    -Je t'assure que...

     

    Il s'interrompit soudainement, le regard fixé au loin. Il se leva précipitamment et à grandes enjambées s'enfonça dans la foule qui pénétrait dans le marché. Complètement abasourdie, je le regardais disparaître, sans comprendre ce qui avait bien put se passer. En plus pour quelqu'un de soit disant agoraphobe, il n'avait pas l'air si effrayé que ça par la masse de personnes qui se bousculait devant les étals chatoyants.

     

     

    - CHAPITRE 13.2 -

     

    Je me levais à mon tour et tentais de le suivre tant bien que mal, mais progresser avec tous ces gens qui me barraient sans cesse le chemin s'avéra extrêmement compliqué. Je perdis Claude de vue l'espace d'un moment, mais il réapparut au détour d'une allée, avant que j'eus le temps de l'interpeller, un homme apparut à son côté, et l'attrapa violemment par le bras. Il était grand, et dégingandé, ses cheveux gras lui collaient à la nuque, ses habits ne semblait pas de toute première jeunesse, et son visage qui gardait les vestiges d'une acné persistante était criblé de tâches en tout genre. Il portait une paire de lunettes noire toute éraflée qui permettaient à ses yeux de rester cachés. En le regardant, je fus envahie par une sorte de crainte diffuse, tout mon corps me criait de tourner les talons, avant qu'il ne me voie, mais la curiosité l'emporta et je me collais contre un présentoir chargé d'épices odorantes. Claude semblait contrarié et répondait avec de grands gestes, tout en regardant de temps en temps autour de lui, je ne sais pas pourquoi, mais mon instinct m'avertit que quelque chose se tramait. Je me tassais donc légèrement de façon à ce qu'il ne puisse pas me voir.

     

    - CHAPITRE 13.2 -

     

     

     

     

     

    De mon poste d'observation, je vis le tour que prenait leur conversation, les choses semblaient s'envenimer, l'homme commençait à s'énerver. Je ne savais pas ce qui se passait, car j'étais bien trop loin pour entendre leurs paroles, surtout avec le brouhaha qui régnait dans le marché. A un moment Claude fit mine de s'en aller, le type ôta ses lunettes, et le prit par le col, l'air menaçant. C'est là que je vis ses yeux, il avait un œil atteint de cataracte, et l'autre aussi noir que l'enfer, c'était un spectacle hideux. Son œil blanc et vitreux, ne cessait de rouler dans son orbite. Claude se ratatina et leva les mains en signe d'apaisement en lui disant quelque chose. Le compromis dut être au goût de l'autre, car il le relâcha immédiatement.

     

    - CHAPITRE 13.2 -

     

     

     

    Avant que je ne sois surprise en train d'espionner, je reculais sans quitter des yeux les deux hommes. Quand je fus assez loin et dissimulée par la horde de touristes qui admiraient et marchandaient les produits locaux, je me mis à marcher d'un pas rapide en direction du snack où nous étions quelques instants plus tôt. Le patron m'accueillit d'un air revêche:

     

     

    -       Et alors quoi ???? Vous commandez et ensuite vous disparaissez sans payer l'addition !!! C'est pas comme ça que ça se passe ma petite dame !!!

    -       Je suis vraiment désolée, euuuh j'avais juste envie d'admirer les bijoux en coquillage là-bas. Ne vous inquiétez pas, je vais payer !!!

    -       J'espère bien !!! Non mais !!! fulmina l’homme.

    Claude arriva sur ces entrefaites:

    -       Que se passe-t-il ?

    -       Ce serait plutôt à moi de te demander ce qui se passe !!! Tu es parti comme un boulet de canon, en me laissant là toute seule. Tu peux m'expliquer ???

    -       Désolé, une envie pressante, je crois que les fish-cake sont mal passés.

     

    - CHAPITRE 13.2 -

     

     

    Je n'en crus pas mes oreilles de ce mensonge, mais je fis comme si de rien n'était. Après tout, cela ne me regardait pas, je ne connaissais pas bien Claude et le fait qu'il fréquente des personnes peu recommandables était son problème, pas le mien. Je sortis mon portefeuille, mais il m'arrêta d'un geste:

     

    -       Laisse, c'est pour moi.

    -       Ça ira, je te remercie, dis-je sèchement.

     

    Je déposais un billet dans le plateau qu'avait laissé à notre attention le gérant du snack puis me tournais vers Claude, le visage fermé:

     

    -       Tu peux me ramener à ma voiture s'il te plaît ?

    -       Tu es fâchée ? Je suis vraiment désolé, j'ai eu un soudain mal de ventre. Je t'épargne les détails les plus glamours. Désolé d'avoir filé ainsi sans rien dire...

    -       Ok, ok, pas de problème, j'aimerais juste que tu me ramènes maintenant à ma voiture.

    -       Tu as l'air de vraiment m'en vouloir. Comment puis-je me racheter ? Je t'invite à dîner ! Mais cette fois, pas de fish-cake !!!

    -       Laisse tomber, d'accord, je préfère rentrer, je suis fatiguée. Son ton se fit suppliant, et il me regarda la mine de chien battu:

    -       Excuse-moi de t'avoir laissée toute seule, tu veux bien me pardonner...? Si tu m'accordes ta soirée, je te promets de te faire oublier ce malheureux incident.

     

    J'hésitais. Son altercation avec le borgne était encore fraîche dans ma tête. Et même si je ne savais pas de quoi il s'agissait exactement, tout ça ne présageait rien de bon, il valait sans doute mieux que je me tienne à distance de Claude. Mais celui-ci insista tant et si bien que finalementje cédais. Après tout, il devait avoir une bonne raison de ne pas me dire ce qu'il avait vraiment été faire, ses affaires ne me regardaient pas et quel mal y aurait-il à passer une soirée avec lui...?

     

    Nous restâmes à flâner dans le marché, puis nous nous dirigeâmes vers la plage où nous assîmes pour discuter et admirer un coucher de soleil magnifique qui projetait sur les nuages des reflets orangés. Je me surpris à penser à Stéphane, c'est avec lui que j'admirais les couchers de soleil avant, cette pensée me rendis nostalgique. Je dissimulais mon visage pour essuyer une larme qui roulait sur ma joue, mais mon geste n'échappa pas à Claude, il me regarda d'un air perplexe :

     

    -       Ça ne va pas ?

    -       C'est juste que... je pensais à mon ex...

    -       Tu veux m'en parler ?

    -       C'est une longue histoire, très compliquée.

    -       Hum, je vois. Rupture douloureuse ?

    -       Très...

    -       C'est lui ou c'est toi qui as pris la décision?

    -       C'est moi. Et pas de gaieté de cœur.

    -       C'était un coureur, c'est ça ?

    -       Je te l'ai dit, c'est une histoire compliquée.

    -       En parler te ferait du bien, tu sais.

    -       Non, vraiment, je n'ai pas envie d'étaler ma vie comme ça...

    -       Comme tu veux Carole, mais si tu changes d'avis, je suis là pour t'écouter.

    -       Ok, je prends note pour le cas où.

     

    - CHAPITRE 13.2 -

     

     

    La conversation dévia sur lui, j'en profitais pour lui poser des questions sur son métier, et je vis qu'il hésita avant de me répondre:

     

    -       Je suis dans le commerce.

    -       Ah oui ? Et tu fais quoi exactement?

    -       De l'import-export, mais c'est assez... comment dire...

    -       Compliqué ?

     

    -       Exactement !

    -       Ok, je n'insiste pas...

     

    La nuit était tombée depuis un petit moment déjà quand nous partîmes de la plage, les néons des restaurants et des bars éclairaient le bord de mer et les noctambules affluaient peu à peu. Nous choisîmes un petit restaurant de fruits de mer réputé pour son poisson grillé et ses crustacés farcis. Une jolie serveuse nous montra une table un peu à l'écart, sans doute pensait-elle que nous recherchions un peu d'intimité. A table, Claude me parla de sa passion pour la culture orientale et je bus ses paroles, fascinée. Les lumières tamisées du restaurant se reflétaient dans ses yeux, et en le regardant, je me dis qu'il était plutôt beau garçon. Ce que je ne savais pas, c'est que tout comme je les avais espionnés, quelques heures plus tôt, deux yeux, l'un blanc, l'autre noir, nous observaient avec attention, tapis dans l'ombre...

     

     

    - CHAPITRE 13.2 -

     

     

     

    ****************

     

     

     

     

     

     

     

    <  Chapitre 13.1                                                                                                                                                                                                                         Chapitre 13.3 > 

     

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :