• - CHAPITRE 9.1 -

    - STEPHANE -

     

    J'avais reçu un appel de la clinique ce matin, l'état de Carole s'était dégradé. J'avais peur. Hier en quittant sa chambre, je m'étais senti complètement désemparé, elle hurlait qu'elle me détestait, pour elle c'était de ma faute si le bébé est mort. C'était de ma faute... Elle avait raison, quelque part, si je n'avais pas connu Elodie, tout ça ne serait jamais arrivé. Elodie... Cette sale pute devait payer pour ça !!!! Je trouverais un moyen de lui faire payer tout le mal qu'elle faisait autour d'elle. Mais pour le moment, il y avait plus urgent, je devais me rendre à la clinique. Quand j'arrivais, le médecin me pris à part:

     

    -       Mr LEMOINE, j'ai une mauvaise nouvelle, votre petite amie s'est renfermée sur elle-même, aucune stimulation extérieure ne parvient à la faire sortir de sa léthargie...

    -       Qu'est-ce que ça veut dire ? Je ne comprends pas...

    -       En termes familiers afin que ce soit plus simple, elle fait une grave dépression suite à sa fausse couche, si son état de s'améliore pas dans les 24h, nous allons être obligés de la faire interner un certain temps, afin qu'elle bénéficie de soins adaptés que nous n'avons pas la possibilité de pratiquer ici.

    -       La faire interner ???? j'étais complètement abasourdi... mais... mais... vous devez vous tromper, Carole n'a jamais été malade ni rien !!!

    -       Monsieur, je comprends votre détresse, mais il le faut pour son bien. Nous devons avoir l'autorisation d'un membre de sa famille. Savez-vous qui nous pouvons joindre dans l'immédiat ?

     

    - CHAPITRE 9.1 -

    A cet instant je réalisais la portée des paroles du praticien. Carole irait en hôpital psychiatrique, elle se retrouverait seule, loin de moi...

     

    -       Mr LEMOINE, avez-vous les coordonnées d'un membre de la famille de vôtre amie??? Nous devons agir vite pour avoir une chance de lui trouver un traitement adapté, et pour cela nous avons besoin de l'autorisation d'un parent proche.

     

    -       Je peux vous donner le numéro de son père...

     

    Je lui donnais les renseignements dont il avait besoin. Au fond de moi, j'espérais que Carole sortirait son mutisme. Je demandais à la voir:

     

    -       Vous pouvez y aller, mais je doute que votre présence change quoi que ce soit. Ce serait un miracle.

     

    Je me rendis au chevet de Carole, je ne la reconnus pas, ses cheveux qui d'ordinaire étaient bien coiffés, lui tombaient emmêlés sur le visage, ses yeux vides d'expression fixaient un point sur le mur, elle ne me regarda même pas quand j'entrais dans la pièce.

     

    - CHAPITRE 9.1 -

     

    -       Chérie, c'est moi, Stéphane... il faut que tu réagisses mon amour, ils veulent te faire interner, tu

     

    ne dois pas les laisser faire. Carole... s'il te plaît regarde-moi... Pas de réaction.

    -       Carole, il faut que tu te battes, j'ai pas envie de te perdre bébé, tu es toute ma vie, j'ai besoin de toi autant que j'ai besoin de Dan... Pourquoi vous me faites des frayeurs pareilles tous les deux? Vous voulez que je me retrouve tout seul ? Carole, je t'en supplie, réponds-moi !!!!

     

    Carole tourna la tête et son regard se posa sur moi, mais c'était comme si je n'existais pas, j’étais transparent pour elle. Elle était partie dans son monde, loin de toutes les horreurs que je lui avais fait subir depuis tout ce temps. Elle se protégeait de moi, la cause de tous ses malheurs... C'était dur pour moi de la voir dans cet état, et de penser que tout ça était en partie ma faute, me rendait fou. Pourquoi la vie était-elle si compliquée? Dès qu'on sortait de l'enfance, les ennuis commençaient, comme j'aurais à cet instant aimé remonter le temps. Retrouver la Carole souriante et taquine, ces instants de bonheur me semblaient loin, comme appartenant à la vie d'une autre personne. Il n'était arrivé que des malheurs depuis un certain temps, est-ce que je payais toutes les erreurs que j'avais commises ? Ma dette ne pouvait être aussi lourde, je n'avais tué personne bon sang!!! Du moins pas encore... Car plus je regardais Carole, et plus je sentais un instinct meurtrier se réveiller en moi, je ressentais comme un besoin irrépressible de vengeance, je trouverais un moyen de me venger de cette salope, oh oui, elle paierait ses dettes elle aussi !!!!

     

    ....

    (... Stéphane ... Steph ... )

    ....

     

    - CHAPITRE 9.1 -

     

    Subitement, sans que je fasse quoi que ce soit, la rage qui m'habitait s'évanouit, et je ressentis un calme, apaisant. Je fus envahi par une extraordinaire douceur, qui m'alanguis comme si j'étais sous amphèt’. Je me sentis enveloppé comme quand j'étais dans les bras de ... et là, je la sentis, sa présence... J'en étais sûr, je regardais Carole, des larmes coulaient le long de son visage inexpressif, et je compris. Elle avait ressenti la haine que j'éprouvais, et ne souhaitait pas que je me venge pour elle. C'était un début, il me fallait agir vite pendant qu'elle semblait lutter pour revenir vers moi, je lui pris la main:

     

    -       Chérie, je sais que tu m'entends, s'il te plaît, parle-moi, dis quelque chose, je ne vais rien faire, je te le promets, mais réagis je t'en supplie. Je te jure que les choses vont changer, je vais faire tout ce qu'il est possible de faire pour que tu sois heureuse...

     

    Je vis ses yeux reprendre vie. Mais elle ne répondit pas. Elle me regardait cette fois, vraiment, plus comme si elle regardait au travers de moi. Prudemment, je me rapprochais:

     

    -       Carole ???

     

    Elle cligna des yeux.

     

    -       Je suis vraiment désolé de tout ce qui s'est produit... Je suis sûr que tout va s'arranger, maintenant que tu as repris tes esprits, ils ne pourront pas t'envoyer dans un hôpital psychiatrique, tu vas sortir d'ici, et tu viendras vivre avec moi, tout ira bien, tu verras. Nous allons y arriver...

     

     

    - CHAPITRE 9.1 -

     

    Sa voix dure m’atteignit en plein cœur:

     

    -       Tu sais bien que ce n'est pas possible, je n'ai pas oublié ce que tu m’as fait... Je sais que ce qui est arrivé, n'est pas de ta faute et je ne veux pas que tu te venges de cette fille. J'ai trop souffert pour te pardonner, tu m’as fait trop de mal. Je t'aime encore et je t'aimerai toujours, mais je pense qu'il est grand temps pour nous de nous dire adieu.

     

    -       Mon cœur, je t’en prie, ne dis pas ça, je suis heureux que tu te décides enfin à te réveiller, je pense qu'il est trop tôt, tu dois prendre du repos, ne prends aucune décision comme ça, à la légère. Nous le regretterions tous les deux. Je sais que j'ai commis des erreurs, mais je veux me rattraper.

     

    -       Il me semble que ma fille a été claire !!!! Elle ne veut plus te revoir !!! Je ne sais pas ce que tu lui as fait, mais ça doit être assez grave pour qu'elle ait atterri dans une clinique, et qu'on me parle de devoir l'interner !!! Je te conseille fortement de sortir d'ici, avant que je ne perde mon sang- froid !!!

     

    Le père de Carole était debout dans la chambre, furieux. Je ne l'avais pas entendu entrer, mais visiblement, il avait tout entendu. Je me levais, et me tournais vers lui:

     

    -       Je suis désolé pour tout ça... Sincèrement désolé.

     

    - CHAPITRE 9.1 -

     

    Je n'avais même pas envie de me défendre, c'était bien fait pour moi, tout ce qui m'arrivait, je ne devais m'en prendre qu'à moi. Il me faudrait maintenant apprendre à vivre sans Carole, mais je souhaitais qu'elle soit heureuse. De tout cœur.

     

     

     

     

    ***********

     

     

     

     

     

     

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