- CAROLE -

Je ressentis la haine de Stephane, comme si je la ressentais moi-même. Elle était si dense que je n'aurais eu aucun mal à la palper si je le voulais. Je glissais vers Steph, et l'enveloppais de mes bras, ça me faisait mal, si mal de le voir comme ça, je voulais qu'il sache à quel point je l'aimais, que mon amour chasse ce sentiment néfaste qui l'habitait.

(... Stephane ... Steph ... mon amour )

Je soufflais son nom, et je le vis se détendre, j'avais réussi, il avait perçu ma présence. Je l'aimais tellement, je ne voulais pas qu'il fasse de bêtise pour moi, je ne le supporterais pas. A nouveau calme, il me prit la main:

-       Chérie, je sais que tu m'entends, s'il te plaît, parle-moi, dis quelque chose, je ne vais rien faire, je te le promets, mais réagis je t'en supplie. Je te jure que les choses vont changer, je vais faire tout ce qu'il est possible de faire pour que tu sois heureuse...

Je ne sais comment je réussis à réintégrer mon corps, mais j'avais senti que c'était le bon moment, à cet instant il voulait tellement que je revienne, c'est, je pense, ce qui me donna la force de rentrer en moi.

Une tristesse indescriptible envahit mon âme, aussi brûlante qu'un fer chaud qu'on aurait posé sur ma peau. Il était temps d'en finir avec cette histoire. Stephane et moi avions trop souffert, nous nous déchirions depuis trop longtemps, j'étais un poids dans sa vie, et je voulais l'en débarrasser. Ce serait dur, vraiment très dur, mais je devais le faire pour notre bien à tous les deux. Je pris sur moi pour mettre autant de dureté dans ce que je m'apprêtais à dire:

-       Tu sais bien que ce n'est pas possible, je n'ai pas oublié ce que tu m’as fait... Je sais que ce qui est arrivé, n'est pas de ta faute et je ne veux pas que tu te venges de cette fille. J'ai trop souffert pour te pardonner, tu m’as fait trop de mal. Je t'aime encore et je t'aimerai toujours, mais je pense qu'il est grand temps pour nous de nous dire adieu.

Je vis ses lèvres se crisper, comme s'il venait de recevoir un coup, il essaya de me raisonner:

-   Mon cœur, je t’en prie, ne dis pas ça, je suis heureux que tu te décides enfin à te réveiller, je pense qu'il est trop tôt, tu dois prendre du repos, ne prends aucune décision comme ça, à la légère. Nous le regretterions tous les deux. Je sais que j'ai commis des erreurs, mais je veux me rattraper.

La voix de mon père me fit violemment sursauter:

-  Il me semble que ma fille a été claire !!!! Elle ne veut plus te revoir !!! Je ne sais pas ce que tu lui as fait, mais ça doit être assez grave pour qu'elle ait atterri dans une clinique, et qu'on me parle de devoir l'interner !!! Je te conseille fortement de sortir d'ici, avant que je ne perde mon sang- froid !!!

Mon père était entré furtivement dans la pièce, je ne l'avais jamais vu aussi en colère. J'eus peur

qu'il ne frappe Steph, et j'étais déjà prête à m'interposer, quand Stephane se leva, les épaules voûtées, l'air accablé:

-       Je suis désolé pour tout ça... Sincèrement désolé.

Avant que je n'eus le temps d'ajouter quoi que ce soit, il était déjà parti. Je regardais mon père:

-       Qu'est-ce que tu fais là papa ?

-       On m'a appelé pour me dire que tu étais hospitalisée, j'exige que tu me dises ce qui se passe Carole, et immédiatement !!!!

-       Papa, s'il te plaît ne commence pas... Il n'y a rien à expliquer, tout est rentré dans l'ordre.

-       Ne crois pas t'en sortir comme ça !!! Je veux que tu me dises ce qui t'es arrivé, et ce que Stephane à avoir dans tout ça.

Je soupirais, et commençais à lui raconter:

-       Voilà papa, je suis tombée enceinte...

-       COMMENT ???? ET TU NE M'EN A RIEN DIS ????

-       S'il te plaît, cesse de t'énerver, laisse-moi finir, tu voulais que je te dise tout, oui ou non ? Je suis tombée enceinte de Stephane, j'avais oublié ma pilule, juste une fois, mais ça a suffit. Quand je lui en ai parlé, il a mal réagit, ce qui était compréhensible, mais il a fini par accepter l'idée de devenir père.

Je me crispais en revoyant les scènes se dérouler devant moi. Il me fallait présenter les choses de façon à ce que mon père ne prenne pas Steph en grippe. Je repris la parole:

-       Hier, une fille dont il a rejeté les avances s'est présentée à mon appartement. Elle à cherché a savoir où j'habitais, pour me faire croire que Stephane et elle entretenaient une relation. Stephane était là, et il lui a dit s'en aller, ils ont lutté, mais elle a résisté. J'ai voulu la faire partir moi-même et j'ai fait une mauvaise chute, j'ai traversé la table basse du salon, et voilà... J'ai perdu le bébé. Il n'y a rien de plus à ajouter.

-       Pourquoi ne m'as tu pas dit que tu attendais un enfant Carole, je suis ton père !!!!

-       Tu es mon père, mais tu te comportes comme un étranger avec moi, tu ne me parles pas, sauf pour me crier dessus. Rien de ce que je fais ne trouve grâce à tes yeux. Depuis que maman est morte, c'est comme si tu as oublié que tu as une fille. Pour toi, je ne suis rien de plus rien de moins qu'une employée. J'ai fini par penser que tu ne m'aimais pas !!!!!

-       Oh ma chérie, ne dis pas ça, je t'aime plus que tout au monde. Tu es tout ce qu'il me reste de ta mère, et tu sais à quel point je chéris son souvenir. Je ne me suis pas rendu compte que tu souffrais de ma façon d'agir. Je croyais faire pour le mieux afin que tu sois bien préparée dans ta vie future. Je te demande pardon ma chérie, j'ai agis comme un vieil imbécile.

Mon père semblait avoir pris 10 ans d'un coup, il s'assit car tout ce temps il était resté debout, à marcher en long et en large dans la pièce.

-       J'ai été dur avec toi sans aucune raison, je l'avoue. Il n'y a aucune excuse à cela. Tu ressembles tant à ta mère, au fond de moi je ne me suis jamais remis de sa mort. Elle m'a abandonné avec

une petite fille avec laquelle je ne savais pas m'y prendre. J'ai reporté ma rancœur sur toi, alors que tu n'y étais pour rien...

-       Papa... est-ce que nous pouvons repartir du bon pied à présent ?

-       Oui ma petite fille, je vois à quel point je suis trompé. Que comptes-tu faire à présent ? Est-ce que tu aimerais revenir vivre avec moi ? Je veux dire pour quelque temps. Tu pourrais prendre du repos, et je m'occuperais de toi.

-       Non, papa, je t'en suis reconnaissante, mais je préfère être seule pour réfléchir. Tu sais j'aime Stephane, et c'est pour notre bien à tous les deux que j'ai préféré rompre, ça va être dur, mais j'ai besoin de prendre du recul. Je te demande de m'accorder un congé, je vais peut-être partir quelques jours je ne sais pas encore, mais il faut que je m'éloigne pour pouvoir faire le point.

-       Tu peux tout me demander ma chérie, prends le temps qu'il te faudra pour remettre de l'ordre dans ta vie, mais ne me laisse pas sans nouvelles. Et quand tu reviendras, j'aimerais bien que nous passions un peu de temps ensemble, j'aimerais mieux connaître ma fille.

Je lui souris, et je me dis que même quand on faisait des erreurs il n'était jamais trop tard pour se rattraper, une chose était sure maintenant, je commençais une nouvelle vie, il me faudrait apprendre à vivre sans l'homme que j'aimais. La route de la guérison serait longue et sinueuse, mais il fallait que j'y arrive car j'en avais décidé ainsi. Pour Stephane et moi, la page était tournée, mais était-ce aussi définitif que je voulais m'en persuader ? La vie pouvait parfois réserver de drôle de surprises.

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