• - CHAPITRE 9.3 -

    - DAN -

     

     

    Le mois de juin avait filé et laissé place au mois de juillet. Il faisait chaud et lourd. Et les jours s'étaient progressivement allongés. Dans sa chambre d'hôpital, Dan ne s'impatientait plus vraiment, il avait pris l'habitude de rendre visite chaque jour à son amie Aline, parfois il lui lisait un livre, parfois il lui parlait et d'autres fois, il restait juste assis sans dire un mot, lui tenant simplement la main. Il allait toujours la voir à la tombée de la nuit pour ne pas s'attirer les foudres du personnel soignant. La jeune femme ne s'était toujours pas réveillée, et Dan continuait de lui parler, persuadé qu'elle pouvait l'entendre.

     

     

    - CHAPITRE 9.3 -

     

     

    Ce matin-là, le médecin de Dan vint le voir:

     

    -       Bonjour Mr Beaubrun, comment allez-vous ce matin ?

    -       On fait aller, mais je vous assure que j'irais beaucoup mieux quand vous vous déciderez à me laisser sortir.

     

    Le praticien rit de bon cœur:

     

    -       Hé bien, jeune homme vos vœux vont être exaucés, j'ai déjà signé votre autorisation de sortie, donc si vous le souhaitez vous pourrez partir cet après-midi même ou demain matin. Vous serez dehors à temps pour assister au tour des yoles.

     

    Le visage de Dan s'éclaira, enfin il allait pouvoir quitter cet hôpital miteux, retrouver la civilisation et reprendre le cours de sa vie. Puis il pensa à son amie endormie, il fallait quand même qu'il lui dise au revoir, il demanda donc à sortir le lendemain matin, ce que le médecin lui accorda.

     

    Dan pensa à tout ce qu'il aurait à faire une fois sorti, il avait sans doute une montagne de factures, et de paperasse à mettre à jour. Et surtout, il lui fallait passer voir Stéphane, celui-ci n'était pas revenu depuis sa dernière visite et Dan s'interrogeait. Le silence de son ami était incompréhensible, et il ne démordait pas qu'il s'était passé quelque chose. Et de Carole, il n’avait eu aucune nouvelle, il se demandait comment elle allait. Il avait eu le temps de faire le point sur ses sentiments et il avait décidé que son amitié pour Stéphane était plus importante dans sa vie. Bien sûr, on ne pouvait pas décider de ne plus aimer quelqu'un du jour au lendemain, mais il s’appliquait chaque jour à éteindre la flamme de son amour pour Carole. Peut-être l'appellerait-il pour s’excuser de son comportement, mais il ne voulait pas froisser Stéphane et risquer un malentendu. Dan en était là de ses réflexions quand sa mère entra à son tour dans la chambre:

     

    -       Bonjour mon chéri, je viens de voir le docteur, tu sors demain ?

    -       Ouais c'est pas trop tôt...

    -       Cesse donc de râler ! Avant que je n’oublie, je me suis occupée de tes petites affaires pendant ton absence, je veux dire, des papiers et des factures qu'il y avait à payer, tu n'auras donc à t'inquiéter de rien à ton retour.

     

    Dan fût abasourdi. Sa mère ? Faire des papiers ? Payer des factures ? Euuuuh, c'était le monde à l'envers là !

     

    -       Merci, m'man, t'es super, tu le sais ça ? Je t'adore. Euh dit, tu as des nouvelles de Steph ? Il t'a appelé ? Tu l'as vu ?

    -       J'ai eu sa mère au téléphone, elle s'inquiète pour lui, il semblerait qu'il reste enfermé des jours entiers chez lui, il ne mange pas, il ne voit personne. Il s'est passé quelque chose, mais il refuse d'en parler.

     

    Dan en resta interdit. Ainsi il avait vu juste, il était arrivé quelque chose à Steph. Dès qu'il sortirait, il irait le voir pour discuter avec lui. Après tout, ils étaient encore amis, du moins il l'espérait. Sa mère s'affairait dans la chambre, rassemblant ses affaires, en vue de sa sortie prochaine, elle bougeait dans tous les sens, ce qui agaça Dan:

     

    -       Maman, tu veux bien arrêter un peu, tu me fatigues le cerveau à bouger dans tous les sens. Laisse ça, on verra ça demain.

    -       Daniel, je te connais, tu vas vouloir me presser demain matin, alors non, je préfère ranger tes affaires maintenant, comme ça demain, il n'y aura plus qu'à prendre ton sac et s'en aller.

    -       Pfffff, c’est toujours la même chose avec toi... maugréa Dan.

    -       Et ce n'est pas la peine de marmonner dans ta barbe !!!! s'écria sa mère.

     

     

    - CHAPITRE 9.3 -

     

    Bien des heures plus tard, le soleil déclinait à peine à l'horizon, quand Dan se faufila dans la chambre 212, trop impatient de voir Aline, il prit sa place habituelle, sur la chaise à coté du lit. Il se mit à parler doucement:

     

    -       Salut ma puce, c'est Dan... Comment vas-tu aujourd'hui ? (...) Aucun changement à ce que je vois... (...) Je suis venu te dire, qu'on me laisse sortir demain... (...) je sais ce que tu vas penser, mais ne t'inquiète pas, je ne t'oublierais pas, je viendrais te voir tous les jours (...) t'en aura même marre, je te le promets... (...) J'aurais tellement aimé que tu te réveilles enfin, mais je suppose que tu es mieux là où tu es (...) Tu te panses, n'est ce pas ? Je comprends ce que tu ressens, parce que je l'ai vécu moi aussi, je n'avais pas envie de revenir dans le monde des vivants... (...) Mais tu sais, ne laisse pas toutes les horreurs que tu as vécues, prendre l'ascendant sur toi, je suis certain que tu vas t'en sortir, tu es une femme forte... (...) Et n'oublies pas que tu as un nouvel ami, sur qui tu pourras toujours compter... (...) La vie est vraiment bizarre... Il y a de cela 1 mois je me faisais tirer dessus et maintenant je suis remis et je t'encourage à te battre, toi une fille dont j'ignore tout. Tu as pris une place spéciale dans mon cœur Aline, tu sais ça ? Je ne lâcherais pas l'affaire tant que tu ne te seras pas rétablie, tu m’as compris ?

     

    Dan se pencha sur elle et déposa un baiser léger comme les ailes d'un papillon sur les lèvres tièdes d'Aline. Dan soupira et se rassit. Qu'avait-il espéré ? Que son baiser la réveille tel le prince charmant réveillerait la princesse endormie, comme dans les contes de fées ? Il y avait longtemps que Dan ne croyait plus aux contes de fées, la vie lui avait apprit qu'il fallait se battre et écraser ceux qui se mettaient en travers de son chemin. Il se rappela soudain:

     

    (...) Tu dois repartir et surtout changer de vie... (...)

     

    Changer de vie ? Être un homme nouveau... Ce serait extrêmement difficile et il n'était pas sûr de pouvoir y arriver, mais il se promit de tout de même faire des efforts dans ce sens. Dan se leva et alla près de la fenêtre, il commençait à faire nuit. Les visites se terminaient bientôt, il se dit qu'il n'avait jamais vu personne rendre visite à sa protégée, il se demanda où pouvaient bien être les membres de sa famille.

     

    -       Qui es-tu Aline... (...) Quel était ta vie ? J'aurais tellement aimé en savoir plus sur toi. Tu restes

    un mystère et crois-moi, les mystères je n'aime pas ça. Tu ne voudrais pas me faire signe, juste un petit ? (...) Bon, ce n'est pas grave. Je reviendrais te voir avant de partir demain. Prends soin de toi ma puce.

     

    - CHAPITRE 9.3 -

     

     

    Il se dirigea vers la porte et au moment où il s'apprêtait à tourner la poignée, la porte s'ouvrit, et un jeune homme entra dans la pièce. Il s'immobilisa en découvrant Dan dans la chambre, l'air incrédule:

     

    -       Mais... Qui êtes-vous ? Que faites vous dans la chambre de ma copine ?

     

    L'esprit de Dan tourna à 100 à l'heure pour trouver une raison valable qui expliquerait sa présence dans la pièce, une idée lui vint, il rit intérieurement:

     

    -       Je suis venu prier pour cette jeune femme, afin qu'elle se rétablisse au plus vite. Vous savez, il faut croire en la force du Seigneur tout-puissant. Jésus est amour, et il veille sur chacun d'entre nous...

    -       Bon, bon, ça va hein, allez faire votre prêchi-prêcha ailleurs !!! Allez sortez d'ici !!!

    -       Les voies du Seigneur sont impénétrables mon frère !!! s'exclama Dan en sortant de la pièce, une fois dehors, il eût beaucoup de mal à garder son sérieux.

     

    Une fois revenu dans sa chambre, Dan se sentit abattu sans bien en comprendre la raison.

     

    Comme ça, Aline avait un petit ami qui venait la voir et s'inquiétait d'elle… Lui qui se posait la question quelques minutes plus tôt, il avait la réponse. C'est bien, elle ne sera pas seule quand je ne serais plus ici, se dit-il, mais au fond de lui quelque chose l’attristait. Il se coucha pour ne pas penser à ce qui le préoccupait et qu'il ne voulait pas s'avouer.

     

     

    Le lendemain, sa mère vint le chercher. Ils allèrent ensemble signer les papiers de sortie, et Dan lui demanda de l'attendre quelques instants. Il prit le chemin de la chambre de son amie, il frappa, des fois qu'Aline ait de la visite. Pas de réponse. Il entra dans la pièce ce qu'il vit le figea sur place, son sang se glaça dans ses veines.

     

    Le lit était vide, les draps blancs étaient repassés de frais, mais il n'y avait aucun signe de vie dans la pièce où il avait passé tant de temps. Où était-elle ?

     

    Dan se précipita aux admissions où l'attendait sa mère, et sans un regard pour elle, il agressa presque la femme assise derrière le comptoir occupée à lire un magazine:

     

    -       Où est la patiente de la chambre 212 ???

     

     

    - CHAPITRE 9.3 -

     

     

     

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