• - CHAPITRE 10.1 -

    - STEPHANE-

     

     

    J'avais envie de mourir, de disparaître, j'avais perdu Carole. A quoi bon vivre sans elle. Cela faisait des semaines que je n’étais pas sorti de chez moi. Je ne mangeais presque rien, je grignotais de temps en temps, mais rien de consistant ne me restait sur l'estomac. Je n'avais plus goût à rien, pour oublier, je buvais comme un trou. Je n'avais pas été voir Dan comme prévu, je n'avais pas la force de parler à qui que ce soit. Carole était mon souffle, mon étincelle, sans elle, je n'étais plus rien.

     

    - CHAPITRE 10.1 -

     

    Je me rendais bien compte que je ne pourrais pas rester ainsi éternellement, mais pour le moment, je ne voulais rien savoir. Je me levais et pris un livre dans la commode. En fait il s'agissait d'un album photo. J'en connaissais le contenu par cœur. Ces photos, je les regardais au moins 10 fois par jour. Carole et moi sur un catamaran l'an dernier avec un groupe d'amis, moi allongé sur la plage, c'était Carole qui avaient pris le cliché, Carole et moi enlacés souriant à l'objectif, Carole éclatant de rire une glace à la main. Je tournais les pages plastifiées lentement, imprégnant en moi chaque souvenir. C'était trop douloureux. Je ne pensais pas que ça m'arriverait un jour, de ressentir du chagrin pour une femme, c'était pire que tout ce qu'on pouvait imaginer. Ce que j'avais traversé le mois dernier n'était rien en comparaison de ce que j'endurais maintenant, la colère avait alors pris le pas sur ma peine. Mais aujourd'hui, je me sentais comme enterré vivant.

     

    J'entendis frapper à ma porte, je tergiversais, puis finalement j'allais ouvrir. Mon père entra dans le salon, il regarda autour de lui et fronça les sourcils. La pièce était plongée dans la pénombre, et il y régnait un désordre indescriptible. Mon père s'assit sans mot dire et se massa les tempes.

     

    -       Mon fils, nous devons parler. Je vois dans quel état tu es depuis un certain temps, et il faut que tu te reprennes. Quoi qu'il te soit arrivé, tu ne dois pas te laisser aller ainsi. Est ce que tu veux en parler avec moi?

    -       Non...

    -       Avec ta mère peut être ?

    -       Non... Je n'ai pas envie de parler, c'est tout, j'aimerais seulement qu'on me laisse tranquille.

    -       Stéphane... tu ne devrais pas te renfermer de la sorte. Quelque soit le problème que tu as, tu peux nous en parler à ta mère et moi. Ne nous laisse pas dans l'inquiétude, dis-moi ce qui se passe.

     

    Je soupirais, cet interrogatoire commençait à me peser, je commençais à lâcher prise, mais pas suffisamment pour tout révéler:

     

    -       Carole était enceinte, elle a perdu le bébé, à cause de mes conneries. Maintenant elle m'en veut et ne veux plus me voir. Voilà t'es content? Tu feras quoi maintenant ??? Tu vas aller mandater un procureur pour qu'elle me pardonne mes erreurs ? Non ? Alors laisse-moi tranquille s'il te plaît papa, je suis fatigué !

    -       Je ne sais quoi te dire...

    -       Alors ne dis rien, il n'y a rien à dire, elle a fait son choix, je n'y peux rien, personne n'y peux rien.

    -       C'est la vie mon fils tu sais, les amours, se font et se défont, sans qu'on puisse y changer quoi que ce soit... Pour le moment tu souffres, mais ça ira mieux tu verras.

    -       Ouais c'est ça... ricanais-je.

     

    Je vis mon père complètement désemparé face à ma souffrance, il se leva et posa sa main sur mon épaule.

     

    - CHAPITRE 10.1 -

    -       Courage mon fils, nous sommes là si tu as besoin de nous, dit-il avant de quitter la pièce.

     

     

     

     

     

    Pffff, mais qu'est-ce qu'il croyait ? Que j'allais venir pleurer mes malheurs devant eux? Je me levais, et avisais une photographie de Carole et moi. Les amours se font et se défont... Cette bonne blague! De rage, je balançais le cadre qui alla se fracasser contre le mur, le verre s'éparpilla comme une pluie de larmes. Je ne me sentis pas mieux pour autant, mais je continuais de tout casser dans la pièce. Un vase que Carole avait ramené de chez elle pour donner une touche féminine à mon appartement, ne fût pas épargné et explosa sous ma fureur.

     

    Je me ressaisis et culpabilisais, elle adorait cet objet, elle aurait peut être voulu le récupérer un jour. Je m'accroupis afin d'en ramasser les morceaux, je me coupais à un éclat de verre tranchant comme un rasoir et le sang vermillon jaillit en flot continu. Je ne fis rien pour arrêter l'hémorragie, je restais là à regarder ma main blessée, en espérant que cette douleur physique prendrait le pas sur la douleur morale. Et pourtant ça ne me soulageais pas plus que ça. J'allais passer ma main sous l'eau, la coupure était très profonde, j'aurais peut-être eu besoin de points de suture, mais je me contentais d'y appliquer une pommade cicatrisante et d'y mettre un bandage, cela ferait bien l'affaire, je me fichais bien que la plaie s'infecte.

     

     

    - CHAPITRE 10.1 -

     

     

    J'étais las, et je me laissais glisser par terre. Qu'est-ce que j'allais faire ? Je ne voulais pas croire que c'était vraiment fini entre Carole et moi, il devait bien y avoir quelque chose que je pourrais faire pour la reconquérir? Mais quoi ? C'était perdu d'avance, quoi que je dise, quoi que je fasse, je ne réussirais jamais à lui faire entendre raison. Depuis qu'elle m'avait annoncé sa décision, je n'avais pas entendu parler d'elle. Je ne savais pas si elle se remettait de l'épreuve qu'elle avait traversé, si elle pensait à moi comme je pensais à elle. Je devais savoir, je ne pouvais pas rester là sans réagir, je perdrais ma vie avec elle si je ne faisais rien. Il était temps pour moi de me ressaisir, je m'étais suffisamment apitoyé sur mon sort.

     

    Fort de ces résolutions, je me levais, remis de l'ordre chez moi, ce qui me pris plus d'une heure avec ma main blessée, et pendant ce temps j'eus largement le temps de me convaincre que je pouvais arranger les choses, je pouvais changer le destin funeste qui m'attendais. J'étais maintenant  persuadé que Carole était mon âme sœur. Je lui avais fait du mal, beaucoup de mal, mais il n'était peut-être pas trop tard pour me racheter. Ne dit-on pas que l'amour triomphe de l'adversité ? Il était évident que j'aimais Carole, et elle aussi m'aimait, elle me l'avait dit, mais serait-ce suffisant pour effacer le passé ?

     

    Je sortis de chez moi furtivement, je n'avais pas envie d'affronter le regard interrogateur de mes parents. Je regardais ma voiture, elle était couverte de saletés, les choses avaient changé, fini le temps où je la lavais toutes les semaines, fini le temps où j'allais avec Dan dans les courses sauvages pour la faire admirer, j'étais passé à autre chose, et je ne regrettais pas vraiment ce temps là. Je démarrais et sortis de la propriété, je pris la direction de la ville, il me fallait accomplir une chose importante avant de parler à Carole. J'eus beaucoup de mal à trouver une

     

     

    - CHAPITRE 10.1 -

    place dans le centre de Oasis Springs, il faisait une chaleur terrible, presque inhumaine, et je transpirais abondamment. Finalement, je pus me garer à proximité de l'endroit où je voulais me rendre. Ce coup de chance était peut être un clin d'œil du destin, va savoir.

     

    Je marchais d'un pas rapide vers le bel immeuble moderne et avisais la plaque dorée qui étincelait dans le soleil de midi:

     

    Me SERREAU -  HUISSIER DE JUSTICE

    Diplômé de la faculté de droit de Lyon II Droit civil

     

    Je pris une grande inspiration avant de pousser la porte vitrée. La standardiste était au téléphone, elle me fit signe de patienter. Après quelques minutes de conversation, elle leva les yeux vers moi en souriant:

     

    -       Bonjour Monsieur, que puis-je faire pour vous ?

    -       Je voudrais voir Me SERREAU, s'il vous-plaît.

    -       Vous avez rendez-vous ?

    -       Non c'est personnel.

    -       Il faut avoir rendez-vous pour pouvoir s'entretenir avec l'huissier.

    -       C'est extrêmement important, il ne s'agit pas d'une affaire dont je voudrais qu'il s'occupe.

    -       Patientez un instant, je vais voir s'il peut vous recevoir. Monsieur… ?

    -       LEMOINE, Stephane LEMOINE.

     

    Je la vis appuyer sur une touche et attendre la communication:

     

    -       Oui, Maître, j'ai ici un jeune homme qui souhaiterait vous voir.... (...) Il dit que c'est personnel et urgent... (...) Stephane LEMOINE... (...) Oui... (...) Je vous l'envoie.

    (Clic)

     

    Puis s'adressant à moi en souriant:

     

    -       Vous pouvez monter, dernier étage à droite.

     

    Je la remerciais et me dirigeais vers l'ascenseur. Arrivé à l'étage indiqué, je me sentis défaillir. Mais il était trop tard pour reculer. Mes pas étaient étouffés par une épaisse moquette lie-de-vin. J'arrivais devant une grande porte en bois massif dont la poignée dorée était soigneusement polie. Là aussi une plaque nominative luisait me rappelant l'endroit où je me trouvais. Comme si je pouvais l'oublier! Résolument, je frappais à la porte, une voix de stentor me répondit:

     

     

    - CHAPITRE 10.1 -

     

    -       Entrez !

     

     

                           ****************

     

     

     

     

     

     

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